Le 15e jour du mois
Octobre 2013 /227

La joyeuse rentrée de l’eLearning

Offrir aux étudiants un enseignement de qualité et intégrant le potentiel des technologies

VerpoortenDominiqueLes Massive Open Online Courses (MOOC), en français “Cours en ligne ouverts aux masses” (Clom), font tourner la tête à bien des universités. Rarement, on aura vu une technologie éducative capturer l’imagination institutionnelle si vite et si fort. Le battage est tel qu’il en ferait presque oublier que l’eLearning, à l’ULg et ailleurs, c’est bien plus que cela. Analyse d’un phénomène passionnant mais à cadrer.

Acte 1 (décembre 2011) : deux enseignants de Stanford offrent à toute personne connectée sur la planète de suivre gratuitement, pendant dix semaines, leur cours d’ “Introduction à l’intelligence artificielle”. 160 000 internautes issus de 190 pays s’inscrivent. 23 000 d’entre eux obtiendront une attestation de réussite estampillée de la prestigieuse université. Acte 2 : le nouveau format d’enseignement à distance connaît un succès fulgurant. En un temps record, des plateformes spécialisées émergent. L’une d’elles, Coursera, fédère à ce jour 400 cours massifs dispensés par un consortium de plus de 80 universités (elles étaient sept en janvier 2013). Acte 3 : les universités les plus avancées phosphorent sur l’organisation de cursus complets et leur validation à distance. Le modèle “cours gratuit / examen payant” (en général pour un coût modique de 30 à 50 dollars) se généralise. Les Européens s’ébrouent : un premier symposium est organisé en juin 2013 à l’université de Lausanne. Quant à la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle vient de sonder, début septembre, les intentions des établissements d’enseignement supérieur en la matière.

Sur le plan individuel, l’offre des MOOC est alléchante. Tentez l’expérience : parviendrez-vous à ressortir des catalogues proposés par Coursera, edX ou Udacity sans vous être inscrit à un cours ? Sur le plan politique, les MOOC relancent la conversation publique relative à l’accès universel à une éducation de qualité et aux manières d’en abaisser les coûts.

La poussée de fièvre est telle qu’il est nécessaire de rappeler que les MOOC relèvent bien de l’eLearning mais ne sont pas le tout de l’eLearning. L’oublier, c’est escamoter l’essentiel du travail de fond mené par les universités en matière d’intégration des technologies aux pratiques d’enseignement. A l’ULg, ce travail est mené principalement par la cellule eCampus de l’Institut de formation et de recherche en enseignement supérieur (Ifres). Il s’appuie sur les fondations posées par le Labset et valorise aussi les facilités informatiques (podcasting, syllabus multimédias, etc.) offertes par le Service général d’informatique (Segi).

En contraste avec les MOOC, l’action d’eCampus n’est pas directement tournée vers des étudiants des pays émergents en quête d’accès aux formations les plus réputées, ni vers des adultes confrontés aux nouveaux besoins de formation permanente qu’impose la société de la connaissance. Ses bénéficiaires sont les enseignants et les étudiants de l’ULg auxquels l’eLearning procure, intra muros, des contenus et des méthodes dont l’interactivité, la modularité et la personnalisation sont renforcées.

Soucieuses d’offrir à ses étudiants un enseignement de qualité et intégrant le potentiel des technologies, les autorités de l’université de Liège ont soutenu les efforts déployés par l’Ifres. En témoignent les quelques chiffres qui suivent. Les espaces-cours disponibles sur la plateforme eLearning de l’Institution sont de plus en plus utilisés (40 en 2003 contre plus de 1000 aujourd’hui). Ils représentent 10 000 utilisateurs effectifs (enseignants et étudiants) pour plus de 20 000 connexions et 1,5 million de pages affichées chaque mois. Coût annuel de la plateforme : deux euros par étudiant. Les usages en sont multiples : mise en ligne de ressources pour la préparation et le suivi du cours présentiel, mini-sites d’information sur le cours, tests de prérequis, évaluations formatives, dépôt de travaux, forums allégeant le poids des permanences, outils dédiés aux travaux de groupe, etc. La prise en main de ces facilités donne lieu à des formations spécifiques dont la fréquentation a connu une progression forte au cours des deux dernières années.

L’Ifres est aussi de plus en plus sollicité par des enseignants ou des groupes d’enseignants pour des accompagnements techno-pédagogiques liés à la mise en oeuvre de projets eLearning complexes et innovants : scénarisation complète d’un cours, structuration de parcours individuels en ligne, réalisation d’examens derrière écrans, digitalisation de matériel didactique, création d’outils de simulation, orchestration visuelle des alignements pédagogiques, mise à disposition de tablettes graphiques, tutorat en ligne, visites virtuelles interactives, banques de données multimédias, recours aux applications web 2.0 et aux réseaux sociaux pour apprendre, systèmes de communication synchrone et asynchrone, vidéoconférences, sonorisation de diaporamas, soutien audiovisuel à différentes méthodes (études de cas, apprentissage par problèmes, travaux ou projets personnels, etc.), captations vidéos, analyse des traces des étudiants dans le cours en ligne, tableaux de bord de gestion des apprenants, etc. Ces multiples recours à l’eLearning font le plus souvent évoluer le cours vers un statut hybride (blended learning). Ils contribuent à désenclaver la dimension transmissive de l’apprentissage (cours magistraux) en l’inscrivant dans une expérience d’apprentissage plus vaste, plus variée, plus autonome.

Le nouveau site eCampus détaille la palette de services eLearning proposée aux enseignants de l’ULg. En cette rentrée, il attend votre visite : vous n’imaginez pas tout ce que l’eLearning peut faire pour vous, avec ou sans MOOC !


Informations sur le site www.ifres.ulg.ac.be/ecampus

Dominique Verpoorten chargé de cours à l’Ifres, responsable académique de la cellule eCampus

© Universit� de Li�ge - http://le15ejour.uliege.be/ - 25 avril 2024