Janvier 2015 /240

Questionner l’évaluation

L’Association pour le développement des méthodologies d’évaluation en éducation (Admee) regroupe des chercheurs de plusieurs pays francophones. À la fin janvier, elle organise son 27e colloque international à l’université de Liège. Thème : l’évaluation à la lumière des contextes et des disciplines. Le tout en trois jours, 12 sessions parallèles et 240 interventions.

S’improviser évaluateur ?

DetrozPascalCertainement pas, même si nombreux sont ceux qui pourraient penser que cette fonction ne requiert aucune compétence spécifique. A les croire, elle s’acquerrait sur le tas. « N’oublions pas que la science de l’évaluation en éducation est une discipline scientifique à part entière et, qu’en conséquence, au sein des universités dont celle de Liège, se retrouvent des spécialistes de cette matière », insiste Pascal Detroz, chargé de cours à l’Institut de formation et de recherche en enseignement supérieur (Ifres) et organisateur des journées des 28, 29 et 30 janvier. Et parmi ces professeurs de renom figurent, notamment, feu Gilbert de Landsheere, Dieudonné Leclercq, Marcel Crahay, Christian Monseur et Dominique Lafontaine. Cette dernière ouvrira d’ailleurs le colloque avec une intervention sur l’importance de la prise en compte des contextes dans les enquêtes à large échelle, telles que le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa). Dans cette perspective, elle s’attardera aussi sur les efforts méthodologiques qui y sont effectués pour tenir compte des effets de contexte, tant à l’intérieur des pays qu’entre pays ou cultures différentes.

Photo : Pascal Detroz

Une bonne mesure vaut l’avis de milliers d’experts

« Ce colloque est très important pour la communauté scientifique étant donné le nombre d’intervenants, souligne Pascal Detroz. Nous souhaitons permettre aux chercheurs en évaluation de partager leurs expériences pour continuer à animer leurs reflexions sur ce thème. Après s’être concentrée sur un certain nombre de difficultés transversales liées à l’évaluation – la qualité de la mesure, par exemple –, la tendance actuelle est de considérer l’évaluation dans l’écologie au sein de laquelle elle prend place : ce qui est vrai ici ne l’est pas nécessairement là. »

Et de citer de nombreux exemples, applicables aussi bien à l’enseignement primaire qu’à l’enseignement universitaire. « Les manières d’évaluer sont divergentes, d’une faculté à l’autre, les méthodes, les moyens et la conception même de l’évaluation sont très variables. Voyez, par exemple, HEC-ULg où la culture de l’évaluation institutionnelle est plus développée que dans d’autres départements où l’on ressent une certaine frilosité face à ce type de démarche. » Il en va de même pour l’examen : « En Droit, l’oral garde une place prépondérante puisque le futur juriste doit pouvoir s’exprimer, contredire, défendre un point de vue tandis qu’ailleurs cette modalité d’examen est moins présente. » Dès lors, le rôle du chercheur est d’améliorer la qualité du processus d’évaluation : « Sans une bonne mesure et son cortège de critères, sans souci d’objectivité, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. »

Fausses représentations

EvaluationLa question de la mesure en évaluation ne date pas d’hier, loin s’en faut. Déjà dans les années 60, on observait un phénomène denommé depuis “la constante macabre” selon lequel les enseignants, de manière inconsciente, attribuent un certain pourcentage d’échecs aux étudiants et ce, quel que soit le niveau du groupe à évaluer.

Parallèlement, se pose la question du seuil de réussite dont on a abondamment parlé ces derniers mois. Certains pensent qu’un 10/20 signifie que la moitié des compétences est maîtrisée ! « Or, ce raisonnement est approximatif, affirme Pascal Detroz. Le 10/20 nous dit que, sachant tous les biais connus dans le domaine de l’évaluation – la qualité intrinsèque de l’examen, la bonne compréhension de la question ou non, la sévérité de la correction –, on peut raisonnablement inférer que l’examiné possède les compétences nécessaires à la poursuite de ses études. Sous cette note, par contre, l’examinateur estimera que l’étudiant connaîtra des difficultés au cours de l’année suivante. »

 

L’évaluation à la lumière des contextes et des disciplines

27e congrès de l’Admee, du 28 au 30 janvier, aux amphithéâtres de l’Europe, campus du Sart-Tilman, 4000 Liège.

Contacts : tél. 04.366.98.23, courriel p.detroz@ulg.ac.be, site www.admee2015.be



La coopération au développement s’intéresse aux MOOC

En parallèle à ce colloque, le Centre pour le partenariat et la coopération au développement de l’ULg (Pacodel) organise une “rencontre de développement” centrée sur une problématique qui monte en puissance dans tous les établissements d’enseignement supérieur : la formation à distance, l’e-learning, les MOOC. La question centrale est celle de l’intérêt de ces nouvelles formes d’enseignement comme outils de coopération au développement. Le Pacodel a veillé à faire entendre la voix du Sud, tant du point de vue de la réflexion que de la pratique. « Le débat reste complètement ouvert et aucune position définitive n’est arrêtée au niveau de la coopération universitaire », observe Christine Dasnoy, chargée de mission au Pacodel. Ce débat sera précédé de la présentation d’une quinzaine de projets de coopération initiés par l’ULg, sur le modèle de “Ma thèse en 180 secondes”.

Cette rencontre du développement aura lieu le 27 janvier, à 17h15 à la salle TURLg, quai Roosevelt 1b, 4000 Liège.

Contacts : inscription (gratuite mais souhaitée), courriel pacodel@ulg.ac.be, programme et informations sur www.ulg.ac.be/ri-pacodel

Pierre Demoitié
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