Janvier 2015 /240

Troubles du langage

Des logopèdes posent des jalons

LogopedieA l’issue de consultations menées auprès d’enfants âgés de 30 mois, l’Office national de l’enfance (ONE) a posé un constat alarmant : près de la moitié d’entre eux présentaient un retard ou un trouble langagier. Or, si ce déficit n’est pas détecté et pris en charge de façon précoce, il risque de se répercuter négativement sur leur scolarité et leur vie sociale future.

Dépister le retard

MaillardChristellePour répondre à ses missions de prévention et d’accompagnement, l’ONE a donc souhaité mener une étude au sein des consultations impliquant des enfants nés dans un milieu socio-économique défavorisé. Les objectifs étaient doubles : détecter rapidement le retard langagier à l’aide de marqueurs adéquats et mettre sur pied un programme de guidance destiné à accompagner les parents dans leurs échanges avec les enfants. Cette recherche a été coordonnée durant trois ans par le Pr Christelle Maillart, chercheuse en logopédie clinique à la faculté de Psychologie de l’ULg, et par son assistante Anne-Lise Leclercq. En concertation avec le comité de pilotage de l’ONE, les deux jeunes femmes ont élaboré une méthodologie basée sur la forme inédite de la recherche action.

Photo : Christelle Maillart

« C’est beaucoup plus compliqué de mener une recherche qui se co-construit au fur et à mesure de l’avancement du terrain, mais c’est aussi ce qui fait sa force », assure Christelle Maillart. L’implication des travailleurs médico-sociaux de l’ONE dans les interventions constituait un des autres paramètres auquel l’équipe de l’ULg a dû être attentive. Comme l’explique Anne-Lise Leclercq, « ce mode de fonctionnement participatif a été pensé de façon à permettre aux professionnels de perpétuer sur le long terme l’action mise en place par les logopèdes cliniciennes. »

CQFD

LeclercqAnneLiseLe dispositif de recherche s’est articulé autour de deux volets d’étude complémentaires : d’une part, le développement d’une grille d’évaluation destinée à repérer le retard langagier chez les enfants en bas âges d’autre part, l’élaboration d’un programme de guidance parentale en vue de favoriser et d’améliorer le langage des enfants. Les logopèdes cliniciennes de l’ULg ont notamment appris aux parents des techniques pour mieux interagir avec l’enfant et pour s’adresser à lui avec une meilleure qualité de langage. Pour démontrer l’intérêt de leur programme, Christelle Maillart et Anne-Lise Leclercq ont procédé à une étude comparative. 44 enfants et leurs parents ont participé à des consultations se focalisant sur le langage et sa guidance parentale, alors que les 48 autres enfants et leurs parents ont suivi des interventions basées sur la psychomotricité. Pour concevoir et dispenser ce type de séances, les chercheuses ont fait appel au centre d’étude et de recherche en kinanthropologie (Cereki) du Pr Boris Jidovtseff.

Photo : Anne-Lise Leclercq

« Lorsqu’il y a un retard de langage chez les enfants en bas âge, la tendance générale est de se rabattre sur la psychomotricité, constate Anne-Lise Leclercq. Or, les résultats de l’étude ont clairement démontré, dans ce cas, l’impact positif de la guidance parentale par rapport à une action qui porte sur la stimulation globale de l’enfant. »

Grâce aux pistes de réflexion et aux jalons posés par l’unité de logopédie clinique de l’ULg, de nombreuses initiatives ont pu voir le jour. Elles continuent encore aujourd’hui d’être renforcées et explorées par les professionnels de l’ONE.

Marjorie Ranieri
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