Avril 2015 /243
Personnaliser le traitement des patientsL’Université et le CHU de Liège intensifient leurs collaborations
Sans doute faut-il oser. Oser remettre le patient au coeur de notre système de santé. Faire en sorte de garantir un accompagnement optimal du malade tout au long de sa vie, lui permettre l’accès à des médecins généralistes en “première ligne” et à un hôpital de proximité pour les pathologies bénignes. Mettre à sa disposition des centres de références de pointe pour traiter les affections sévères ou chroniques et des structures de revalidation pour sa convalescence. Et garantir, dans chaque cas, une prise en charge de qualité. SynergiesJulien Compère, administrateur-délégué du CHU, a immédiatement saisi la suggestion au bond. « Dans le cadre de notre promotion de l’excellence au sein de l’hôpital universitaire, élaborer une stratégie commune avec la faculté de Médecine me paraît essentiel, déclare-t-il. Conjuguer nos efforts – et les financements – pour amplifier nos atouts, nos points forts en recherche comme en clinique, est de nature à mettre au point, plus rapidement encore, des traitements innovants. À terme, mon ambition est de positionner Liège au rang de ville-phare sur la carte de l’Europe de la santé. L’association plus étroite entre le CHU et les laboratoires universitaires est un premier pas en ce sens : elle va accroître notre visibilité vis-à-vis des chercheurs et des investisseurs, pour le plus grand profit des malades. » Preuve par quatreQuatre axes forts déterminés par la faculté de Médecine constitueront la colonne vertébrale du Pôle : l’oncologie, la cardiologie vasculaire, les neurosciences et l’arthropôle. « Ces quatre domaines correspondent à des défis majeurs en matière de santé publique, explique le Doyen. Ils constitueront en quelque sorte les piliers de l’édifice sur lesquels viendront se greffer tous les autres domaines de recherche. » Un élargissement de ce Pôle n’est d’ailleurs pas exclu à terme, du côté de la Médecine vétérinaire, des Sciences appliquées et de Gembloux Agro-Bio Tech, « parce que la santé est un domaine multiforme qui inclut aussi l’environnement et l’alimentation, notamment ». Quatre axesOncologie« L’oncologie est en pleine restructuration au CHU de Liège puisque nous travaillons déjà au futur Institut de cancérologie, résume le Pr Yves Beguin. Le bâtiment (en cours de construction) hébergera principalement le Centre intégré de l’oncologie (CIO), soit toute l’activité ambulatoire concernant le traitement du cancer. Un des objectifs est d’offrir au patient, selon son affection, la possibilité d’être reçu dans un même lieu et au même moment par les différents spécialistes tout en passant les examens nécessaires. Cette approche multidisciplinaire de médecins, psychologues et infirmiers a l’ambition de proposer au patient un traitement “sur mesure”. Le Pôle santé complète, en amont, cette démarche en associant l’Institut de cancérologie et les laboratoires universitaires de recherche fondamentale (ceux du Giga notamment), la recherche clinique et la recherche translationnelle. » NeurosciencesAutre point fort de la faculté de Médecine liégeoise : les neurosciences. « Rappelons que c’est le Pr Joël Bonnal (de Marseille) qui, dans les années 1960 déjà, a fondé à Bavière le service de neurochirurgie, observe le Pr Bernard Rogister. La recherche s’est ensuite constamment étoffée dans l’objectif de saisir la cytoarchitectonie du cerveau, c’est-à-dire de comprendre comment l’architecture des cellules nerveuses et les connections entre elles assurent un fonctionnement normal et harmonieux du cerveau. Un défi particulièrement ambitieux, car le spectre des connaissances à acquérir est très large et doit permettre à terme de mieux traiter diverses maladies neurologiques et/ou psychiatriques. » Cardiologie« La cardiologie est depuis longtemps un atout de Liège. En tablant sur le laboratoire du Giga, les services de cardiologie et de chirurgie cardiaque du CHU, le Centre d’étude et de recherche sur les macromolécules (Cerm) et le Cyclotron, notre ambition est de construire un véritable Cardiopôle de Liège Santé (Capla), explique Patrizio Lancellotti (qui vient d’obtenir un financement important du Conseil européen à la recherche). Personnaliser le traitement du patient, voilà à mon sens l’objectif essentiel à présent que nous avons acquis de solides connaissances sur les pathologies. Il faut apporter une réponse spécifique à chaque patient, lui proposer un traitement “sur mesure”, ce qui nécessite un gros effort en matière de recherche et une proximité plus grande avec le monde industriel, afin d’identifier de nouveaux biomarqueurs de risque pour un dépistage précoce et de nouvelles cibles thérapeutiques pour la mise au point de nouveaux médicaments ou l’application de nouvelles biotechnologies. Le Cardiopôle doit devenir une plateforme d’excellence en recherche médicale transversale et translationnelle et, à terme, permettre aux équipes de mener à bien des projets innovants. » Arthropôle« L’ostéoporose, l’arthrose et la sarcopénie (maladie musculaire principalement due au vieillissement) sont des pathologies extrêmement prévalentes : elles touchent plus de 35% de la population au-dessus de 65 ans, rappelle le Pr Michel Malaise. La cellule mésenchymateuse, dont nous avons une grande expérience ici au CHU de Liège, est commune à toutes ces maladies et est à la base de très nombreuses recherches translationnelles dans notre institution. Plus de 100 personnes travaillent sur ces thématiques dans plusieurs laboratoires et services des facultés de Médecine, Médecine vétérinaire, Sciences et Sciences appliquées. Dans l’arthrose, la physiologie reste peu connue et il n’y a aucun traitement curatif. Nous possédons ici à Liège des brevets sur huit biomarqueurs de l’arthrose, soit 12% des biomarqueurs publiés, ce qui est loin d’être négligeable. Nous venons d’ailleurs de recevoir un appréciable financement du FNRS pour leur exploitation. Allier recherche fondamentale (au Giga par exemple) et essais cliniques est à l’évidence une formule positive pour amplifier la recherche et élaborer de nouvelles médications ou stratégies thérapeutiques pour le bien des patients et l’économie de notre région. »
Patricia Janssens
Photos : Jean-Louis Wertz, Michel Houet-ULg
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