February 2017 /261

Coup double

Nouveau master en Digital Business

Longtemps, on a pensé que le “service informatique” se résumait à un bureau au fond du couloir, peuplé d’employés pâles pratiquant un idiome impénétrable. Mais l’heure est venue où cette courte vue peut coûter à une entreprise – publique ou privée – sa crédibilité et sa pérennité. Dans un contexte de digitalisation généralisée, aucun gestionnaire sérieux ne peut désormais se permettre de reléguer le numérique à la marge. Qu’il s’agisse de vendre des produits en ligne, de récolter des informations ou de mettre au point de nouveaux services, tous les secteurs de la vie socio-économique sont concernés.

1+1=3

« Aujourd’hui, un gestionnaire d’entreprise doit être armé pour faire des choix en matière de digitalisation, même s’il ne s’occupe pas de la réalisation technique », analyse Pierre Wolper, doyen de la faculté des Sciences appliquées (FSA).

« En entreprise, les informaticiens reçoivent parfois encore des demandes dont ils ne voient pas l’utilité, tout en n’ayant pas l’opportunité de faire des suggestions. Inversement, le gestionnaire ne se rend pas toujours compte qu’il aurait pu demander autre chose et faire beaucoup plus, tout simplement parce qu’il n’imagine pas que ses informaticiens ont les capacités techniques de le faire », développe par ailleurs Michaël Schyns, vice-doyen à l’enseignement à HEC Liège. « Quand une entreprise fait de l’e-commerce, elle peut faire beaucoup d’autres choses, notamment de la collecte de données », souligne encore Pierre Wolper. Les entreprises actuellement les plus puissantes – Amazon et consorts – semblent d’ailleurs celles qui parviennent à jongler le plus habilement avec ces deux aspects, sans que les débats corollaires sur la confidentialité des données et les recommandations algorithmiques ne parviennent à gâcher la fête.

Un simple coup d’œil sur les offres d’emploi suffit à mesurer l’ampleur du tournant. « Les offres pour des postes de CDO (chief data officer) ou CIO (chief information officer) se multiplient. Ce sont de nouveaux métiers qui consistent à travailler en lien direct avec le CEO (chief executive officer) sur des missions stratégiques. Le profil idéal étant un universitaire qui maîtrise à la fois les domaines de la gestion et de l’informatique », commente le Pr Michaël Schyns. Les deux Facultés ont donc décidé de mettre en place dès la rentrée 2017-2018 un double master en “Digital Business” afin de répondre à cette nouvelle demande de compétences intégrées. « Il existe quantité de formations complémentaires en numérique, mais une formation aussi transversale est une première au niveau belge et même international », s’enthousiasme Michaël Schyns. Conçu sur le modèle des doubles masters déjà mis en place par l’ULg – master en droit et gestion et master en sciences et technologies –, ce programme rassemblera des cours assurés dans les deux disciplines et délivrera ainsi aux étudiants deux diplômes de master (obtenus en six ans, au lieu de cinq ans par diplôme).

PREMIÈRE BELGE

« Nos étudiants ont un profil différent. Leur donner l’occasion d’acquérir les réflexes de l’autre culture, c’est aussi la force de ce programme qui les prépare d’autant mieux au monde du travail », estime Pierre Wolper. Sans diminuer la qualité du diplôme, bien sûr. « Toutes les matières essentielles des deux programmes seront couvertes et les étudiants seront reconnus comme spécialistes de chaque matière. Ils seront dès lors aptes à faire face à tous les défis de l’informatique et de la gestion tout en étant mieux armés face aux nouveaux défis du Digital Business », résume Michaël Schyns, qui note déjà un l’intérêt des étudiants pour ce nouveau master. « Cette génération est née dans l’ère digitale. Elle est très consciente de ces nouveaux besoins et tout à fait prête pour ça », commente-t-il.

Dans les secteurs très concurrentiels de la gestion et de l’informatique, nul doute que ce double master attirera de nouveaux étudiants à l’ULg dès le 1er cycle.

* informations sur www.hec.ulg.ac.be

Julie Luong
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