Mars 2017 /262
Luttes intestinesLa chaire Francqui au titre belge de la faculté de Médecine vétérinaire a été attribuée à Patrice Cani de l’UCL.
Au final, tout serait une affaire de tripes… Les liens majeurs entre la flore digestive – ou microbiote digestif – et nos maladies (infectieuses, métaboliques, mentales) n’en finissent plus d’être démontrés. Implantez la flore d’une souris agressive à une souris calme et vous obtiendrez une souris agressive. Et tout indique que la flore du mélancolique ou du dépendant alcoolique est une partie du mal (ou de sa solution). Ce n’était donc pas la bile. Contre l’obésitéDu microbiote à la pathologie, le réseau d’influences reste néanmoins bardé de zones d’ombre. À même pas 40 ans, Patrice Cani, chercheur au Louvain Drug Research Institute de l’UCL, a levé de manière spectaculaire une partie du voile en montrant le rôle spécifique de la bactérie Akkermansia municiphila dans l’obésité. Davantage présente chez les souris minces que chez les souris obèses, Akkermansia municiphila est aussi associée à une perte de poids plus rapide en cas de régime hypocalorique et à des paramètres métaboliques moins délétères. Il n’en fallait pas plus pour laisser derrière soi le déterminisme mono-factoriel et l’injonction aussi rationnelle qu’inefficace du “mangez moins, mangez mieux”. Depuis 2015, des tests cliniques sur l’homme sont ainsi en cours aux cliniques universitaires Saint-Luc avec comme objectif ultime la mise au point d’un médicament. Qui, si elle aboutissait, serait certainement l’une des innovations thérapeutiques du siècle, au vu de l’enjeu planétaire du problème (600 millions d’obèses en 2014 selon les chiffres de l’OMS et 1,9 milliard d’adultes en surpoids). « Nous avons été très impressionnés par la vision holistique de Patrice Cani et de son équipe », reconnaît le Pr Georges Daube, responsable du laboratoire de microbiologie des denrées alimentaires et doyen de la faculté de Médecine vétérinaire, qui accueillera prochainement cette “étoile montante” dans le cadre d’une chaire Francqui. « Depuis 2009, notre Faculté s’est spécialisée dans la caractérisation des microbiotes dans des domaines aussi variés que l’étude de la pollution des sols et des eaux de baignade ou la microflore des sols agricoles, en passant par la caractérisation des écosystèmes microbiens naturels ou dirigés d’aliments. Il était donc tout naturel qu’on s’associe avec l’équipe de l’UCL qui étudie les indicateurs au niveau de la santé de l’hôte – humain ou animal – tandis que, de notre côté, nous sommes aptes à lui indiquer ce qui a été précisément modifié dans le microbiote », poursuit le Pr Georges Daube. Voilà donc quatre ans que les collaborations entre les deux équipes ont débuté dans le cadre de Wagralim, le pôle de compétitivité wallon pour le secteur agro-alimentaire, autour des projets NutriGUTior et ADIPOSTOP, menés en partenariat avec l’industrie. Le premier a pour but de développer des prébiotiques ou probiotiques capables de moduler favorablement le microbiote intestinal des seniors ; le second, de mettre au point des ingrédients capables de lutter contre le développement de maladies cardiovasculaires. Question d’immunité« Nous sommes vraiment devant une nouvelle science ! Aujourd’hui, il est de plus en plus démontré que les micro-organismes produisent des sub-stances qui ressemblent aux signaux que notre corps émet lors d’une maladie ou d’une agression, note le
Julie Luong
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