Le 15e jour du mois
March 2017 /262

L’informatisation médicale

Diminuer le coût des soins tout en augmentant leur qualité

crossmatchingL’événement HIMSS, organisé à Liège à l’occasion des 200 ans de l’ULg et des 30 ans du CHU de Liège, sera l’occasion de souligner la position à la pointe de l’hôpital universitaire dans le domaine de l’informatisation médicale. Améliorer, favoriser l’utilisation des technologies numériques dans le secteur de la santé : telle est l’ambition des communautés HIMSS (Healthcare Information and Management Systems Society) qui, entre autres activités, organisent des congrès rassemblant des centaines d’acteurs du domaine. Le prochain – présidé par le Recteur Albert Corhay et Julien Compère, administrateur délégué du CHU – aura lieu à Liège les 28 et 29 mars et aura pour thème “la continuité des soins” ou comment optimiser la prise en charge du patient en dehors de l’hôpital grâce au numérique. « Les séjours à l’hôpital coûtent cher aux yeux de la ministre, constate le Pr Philippe Kolh, directeur du département de la gestion des systèmes d’information du CHU de Liège, et cheville ouvrière de la manifestation. L’objectif est de tout mettre en œuvre pour que la durée, l’hospitalisation d’un patient soit réduite tout en conservant la qualité de la prise en charge. Il faut dès lors prévoir un accompagnement du patient à son domicile : s’il faut de nouvelles infrastructures et un personnel bien formé, les nouvelles technologies peuvent nous aider également. » D’autant que l’allongement moyen de l’espérance de vie est bien réel.

TÉLÉMÉDECINE

Un nouveau modèle de soins se construit, lequel met le patient au centre de toutes les préoccupations. Grâce à l’inter-connectivité des systèmes d’information, un dossier médical complet est accessible en ligne : c’est le “dossier médical informatisé” (ou “dossier patient informatisé” - DPI) qui centralise de manière totalement sécurisée toutes les données médicales d’une personne. Le “réseau santé wallon” est performant à cet égard.

KolhPhilippe« On pourrait aller plus loin, reprend le Pr Kolh. Le patient – qui a déjà accès à son dossier – pourrait aussi ajouter des paramètres médicaux utiles : sa pression artérielle, sa température, des données sur son état général, sur sa réaction face aux médicaments, etc. » Une télésurveillance en quelque sorte, qui pourrait annoncer les téléconsultations : un patient pourrait entrer via son ordinateur ou un smartphone en communication avec son médecin sans quitter son domicile. « Cette télémédecine – ou médecine à distance – est déjà bien implantée dans les pays scandinaves et au Canada, poursuit Philippe Kolh, des régions très vastes, où les distances entre les centres médicaux et la population sont parfois énormes. » Des applications multiples existent sur les mobiles (Andaman7 par exemple, application gratuite développée en Wallonnie) pour une simplification maximale des processus, tant du point de vue du médecin que de celui du patient, car utiliser les services en ligne, c’est aussi envoyer directement la prescription à la pharmacie, échanger avec le médecin généraliste, etc. Nous voyons déjà se développer des fonctions logicielles d’aide à la décision pour les médecins en matière de prescription – d’examens complémentaires et de médicaments – et plus tard sans doute mais de manière certaine, d’aide au diagnostic. « La télémédecine est un domaine de recherche très enthousiasmant. J’en appelle d’ailleurs aux ingénieurs que le secteur médical passionne… », lance le Pr Kolh.

NOUVELLE APPROCHE

Si la technologie est au point, la télémédecine pose néanmoins de nombreuses questions : qui répondra au patient lorsqu’il enverra un mail ? Qui validera les données encodées (le patient peut se tromper, mal comprendre les indications du médecin, etc.) ? Comment évaluer les responsabilités dans le suivi du traitement ? Comment le médecin sera-t-il rémunéré ? « À l’heure actuelle, le thérapeute est rétribué à l’acte ou à la consultation. Quel temps pourra-t-il consacrer à la télémédecine ? », se demande Philippe Kolh. On attend, lors du congrès qui rassemblera près de 200 praticiens, des témoignages éclairants, de Catalogne notamment, où plusieurs projets pilote sont en cours.

Continuité of Care Maturity Model

Congrès HIMMS Liège, les 28 et 29 mars, au CHU de Liège.

Le 27 mars, projection du film Sage-femme de Martin Provost au Parc.

 * www.himssfrenchcommunity.org

 



Patricia Janssens
Photo : Michel Mathys - CHU

© Universit� de Li�ge - http://le15ejour.uliege.be/ - 28 March 2024