Le 15e jour du mois
April 2017 /263

Brouettes et trottinettes

Folklore estudiantin à Liège et Gembloux

Brouettes

Chaque année, ils le font pour se prémunir d’un temps pluvieux ou neigeux et attirer le soleil au-dessus de leurs 4h trottinettes, qui créent le bocson au Sart-Tilman. Les membres du comité de baptême ingénieur effectuent donc leur petit pèlerinage chez les sœurs Clarisses (qui ont entre-temps quitté Malonne pour le monastère de Woluwé-Saint-Pierre) et s’en vont porter des œufs à Sainte-Claire. Si la tradition est plus couramment exercée pour les mariages, les organisateurs des “6 heures brouettes” à Gembloux devraient peut-être s’inspirer de leurs quasi-homologues, après l’édition pluvieuse de cette année. « Selon la météo, le site accueille entre 1500 et 3000 personnes. Mais cette fois-ci, à cause des précipitations modérées, on compte sur un maximum de 2000 personnes », évaluait Julien Lamy, l’un des organisateurs bénévoles au sein de l’association générale des étudiants.

LA GADOUE

S’il n’y eut heureusement pas de pluie battante le 8 mars, cet événement majeur du folklore estudiantin gembloutois (ouvert à tous), qui a lieu depuis plus de 30 ans dans le joli parc de Gembloux Agro-Bio Tech, baigna néanmoins en grande partie dans la gadoue. Cela dit, pas de quoi entamer le moral de la vingtaine d’équipes au ponctuel départ du prologue, en bas de la célèbre mais redoutable montée de la Grand’rue du centre-ville, à 13h30. D’autant que les brouettes, toutes en ordre de marche mais customisées en drakkar, éléphant, Obélix et autres fantômes empruntaient des chemins réellement praticables tout le long du parcours subséquent.

TrottinettesTout l’inverse des “Trottis” liégeoises du 22 mars qui, en plus de n’avoir quasiment plus rien à voir depuis quelques années déjà avec l’engin “composé d’une plaque métallique montée sur deux roues et sur laquelle l’utilisateur doit poser un pied tandis qu’avec l’autre il fait mouvoir l’ensemble”, pataugeaient deux heures de moins dans des chemins… boueux. La faute à cette fameuse fosse creusée dans la prairie jouxtant les homes, dans laquelle de fins techniciens déversaient en continu de l’eau et des mottes de boue, et qui constitue un obstacle obligatoire pour la trentaine d’équipes de quatre personnes. Des passages effectués à pied, en courant et même à reculons… en tenant skateboard, jambe artificielle, selle de vélo ou brosse de toilettes. Toutes choses hétéroclites censées symboliser les fameuses trottinettes. Mais alors, pourquoi diable maintenir cette course à ce point dénaturée ? « C’est pour garder la tradition. On trouve ça convivial et marrant. Et les objets servent davantage de bâtons-relais. Mais bon, on est les bleuettes de cette année; du coup nous sommes un peu obligées de participer », explique une joyeuse équipe exclusivement féminine d’étudiantes en ingénieur. Et si près de 8000 personnes ont en fin de compte assisté à l’événement, c’est donc qu’il conserve un réel intérêt pour les étudiants liégeois. Une belle fréquentation sur un site qui, contrairement au parc gembloutois, avait été ceinturé de hautes barrières et doté d’accès où la fouille était de mise dans le but de vérifier que l’interdiction d’entrer avec bouteilles, canettes et sacs à dos était respectée.

CONVIVIALITE

Il est vrai qu’une ambiance à la convivialité plus campagnarde colle à l’image des brouettes des Gembloutoix. Un cliché qui n’est pas étranger à la tradition qui veut que ces derniers débarquent chaque année aux Trottis avec un tas de fumier qu’ils dispersent à la volée, provoquant un mouvement de foule de leurs homologues citadins craignant d’être souillés. Mais sur leurs terres, rien de tout ça. 25 tentes sont plantées, on y boit, on y mange, on y écoute des concerts et les brouettes tournent avec entrain, même s’il ne s’agit pas d’une compétition de haut niveau. Certains se trompent de parcours, mais beaucoup sont animés par la perspective de gagner l’un des fûts de bière offerts aux gagnants. C’est convivial. Les gens se (re)connaissent et l’on recroise souvent les mêmes têtes. « L’an passé, des gens se sont fait passer pour des organisateurs et ont réussi à en convaincre d’autres qu’il fallait démonter la tente où l’on vendait les tickets pour la remonter ailleurs », se souvient une participante amusée. De la musique, une course, des étudiants qui bichent en attentant leurs événements respectifs juste avant la bloque : voilà finalement ce qui constitue la recette de base des deux manifestations qui se déroulent chacune un mercredi. Et qu’importe le (pseudo-)véhicule, pourvu qu’on ait l’ivresse.


Fabrice Terlonge
Photos : F.T.
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