Juin 2017 /265

J’aurai 20 ans en 2030

L’exposition de la rentrée

L’ULg est à la veille de fêter ses 200 ans. Parmi les nombreux événements attendus à cette occasion, l’exposition d’envergure “J’aurai 20 ans en 2030. La science au quotidien” ouvrira ses portes le 23 septembre à la gare des Guillemins.

Jaurai20ans01Il aura fallu deux ans et demi de préparatifs pour penser et monter cette exposition. L’objectif est de mettre en avant le savoir, son acquisition et sa transmission au travers de la recherche d’aujourd’hui. À ce titre, la gare des Guillemins dessinée par Santiago Calatrava, docteur honoris causa de l’ULg, est déjà tout un symbole. Elle assure à l’exposition une grande visibilité et ajoute une pression supplémentaire sur les épaules des organisateurs comme l’on peut s’en douter. Par ailleurs, ainsi que l’explique Bernard Rentier, recteur honoraire de l’ULg et initiateur du projet, il s’agit de montrer à travers le bicentenaire que « l’Université sort de ses murs et célèbre son anniversaire avec le monde qui l’entoure, ce qui est dans la continuité de ce qui se fait depuis une dizaine d’années. La gare a de ce point de vue des avantages. C’est un symbole de mobilité, de flexibilité, de passage, sans oublier l’aspect pratique évidemment ! »

Sur la forme, ce sera un maximum interactif. Le visiteur aura une tablette qui lui permettra d’interagir et d’aller chercher des informations complémentaires. « Il y aura par exemple une grande maquette du quartier des Guillemins en 3D : en fonction de l’endroit où l’on se trouvera et de la visée de la tablette, des informations seront diffusées sur tel ou tel lieu précis (tour des finances, gare, Boverie). Des aspects d’économie, de mobilité et de culture seront développés. Nous travaillons pour le moment sur l’élaboration des scénarios qui devront figurer dans la tablette », annonce Bernard Rentier.

L’exposition s’articulera autour de l’homme du futur tel que nous l’imaginons aujourd’hui, c’est-à-dire en homme assisté, en homme connecté, en homme responsable et en homme modifié, les quatre grands thèmes transversaux de l’exposition. Pas question cependant de plonger en pleine science-fiction ! En effet, comme nous le rappelle le titre “J’aurai 20 ans en 2030”, c’est à demain que l’on s’intéresse. Autrement dit, tout ce que le visiteur aura sous les yeux a déjà commencé et va poursuivre son évolution. Le parcours prévu le plongera au cœur des applications scientifiques et technologiques attendues au cours des prochaines années. Muni d’une tablette, il pourra ainsi voir à quoi ressemblera l’habitat à l’heure de la domotique, des robots et de la connectivité. Il fera connaissance avec la ville de demain et un nouvel aménagement du territoire qui fera la part belle à l’agriculture urbaine, à la nouvelle architecture ou encore à la protection de l’environnement. Il expérimentera une route photovoltaïque tout au long de laquelle il aura un aperçu des véhicules à venir, qu’il s’agisse de la voiture autonome, à pile combustible ou encore de la première voiture volante. « Sur cette partie-là, nous avons noué beaucoup de contacts avec l’Agence spatiale européenne ainsi qu’avec le constructeur automobile Toyota qui était disposé à prêter des prototypes », précise Bernard Rentier. L’espace, qui fascine toujours, sera aussi abordé au travers, par exemple, de la planète Mars et du tourisme spatial. Il sera également question de l’alimentation et de la médecine, préoccupations plus proches du quotidien de tout un chacun.

“Science sans conscience n’est que ruine de l’âme”

Les sciences humaines ne seront pas en reste non plus, afin que « l’exposition soit le reflet de toute la panoplie des disciplines présentes à l’Université ». Ceci n’est pas une mince affaire car, bien entendu, ce sont d’abord les sciences et techniques qui s’exposent le mieux d’un point de vue visuel. Il fallait donc parvenir à inclure les sciences humaines d’une manière intelligente et en évitant l’effet “catalogue”. Une double présentation a finalement été retenue. Tout d’abord, au sein même du parcours de l’exposition, les sciences humaines viendront questionner les avancées scientifiques en termes philosophiques, éthiques, juridiques, etc. Par exemple, le visiteur pourra s’immerger dans un cœur géant en 3D où il sera confronté à une réflexion éthique sur le devenir de l’être humain face à l’eugénisme, à la robotique ou encore à l’intelligence artificielle. Un autre espace sera dédié au désir d’immortalité qui se manifeste notamment par le truchement de théories transhumanistes. En complément, une brochure accompagnera l’exposition et permettra d’approfondir la réflexion, avec en prime des sujets tout à fait indépendants de ce qui aura été vu dans l’exposition.

Enfin, les avancées scientifiques s’inscrivant dans une continuité, une rétrospective sera proposée sur les grandes figures de chercheurs qui ont marqué leur temps et leur discipline. Sans être les seuls, les Liégeois auront malgré tout une place à part dans cette partie de l’exposition, avec dix portraits de personnalités soigneusement sélectionnées bien que parfois méconnues voire inconnues du grand public. Tel est le cas d’Édouard Van Beneden, célèbre biologiste, qui a donné à Liège son nom à un institut et à un quai.

Au-delà de ces grandes figures scientifiques, il est toujours instructif de se rappeler que « le futur n’est pas ce que l’on avait prévu avant-hier », comme le fait judicieusement remarquer Bernard Rentier. Il suffit pour s’en convaincre de revenir aux projections faites dans les années 1960, décennie marquée par les premiers pas sur la Lune. « On prévoyait alors la future colonisation lunaire. Il n’en a rien été. » Voilà pourquoi, grâce à la philosophie nourrissant cette exposition il n’est pas question d’idolâtrer le progrès ou de jouer les futurologues. « l’Université est un lieu de questionnement permanent : c’est sa première mission. à savoir de douter, de ne rien prendre pour acquis et définitif. »

Jaurai20ans-AfficheJ’aurai 20 ans en 2030

Exposition du 23 septembre au 31 mai 2018, en partenariat avec Europa 50, à la gare de Liège-Guillemins, 4000 Liège.

* www.jaurai20ansen2030.be




Ariane Luppens
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