Novembre 2017 /268

Les moyens des ambitions

Entretien avec Rudi Cloots sur les projets de l'ULiège en matière de recherche

Certes l’époque n’est guère florissante pour la recherche : les subsides se raréfient en Belgique et singulièrement en Fédération Wallonie-Bruxelles. De son côté, l’Union européenne incite les universités à coopérer, à mener des projets innovants, à jouer un rôle positif dans l’économie de leur région. Décrocher une place enviable sur la carte de la recherche européenne est donc devenu une nécessité pour les institutions contraintes dès lors de retenir leurs chercheurs et d’attirer les cerveaux de la planète. « S’inscrire dans le haut des classements internationaux, c’est avoir plus de chance de séduire des chercheurs étrangers et plus de possibilités de concourir à des projets européens », résume le vice-recteur à la recherche, Rudi Cloots, concepteur de la restructuration de la recherche à l’ULiège.

OBJECTIFS

ClootsRudi« Notre objectif dans les prochains mois est triple, explique-t-il : majorer de 25% le nombre de nos doctorats (à l’horizon 2021), inciter les chercheurs à décrocher des financements européens et en particulier de l’European Research Council (les ERC Grant), signer davantage de conventions avec le FNRS, le FRIA, etc. » Comment faire ?

Le plan stratégique voté au conseil d’administration de septembre envisage plusieurs pistes. D’abord, celle de pérenniser les chercheurs au sein des Facultés. Ensuite, celle de faciliter l’accès à la carrière académique pour les mandataires FNRS et les scientifiques définitifs (s’ils remplissent les conditions en matière d’enseignement, notamment). Enfin, celle de mettre au service des chercheurs une administration “Recherche et Innovation”, fruit de la fusion entre l’Administration recherche et développement (ARD) et l’Interface Entreprises-Université. «  En son sein, un comité de direction1 élaborera la stratégie à adopter en matière de soutien à la recherche et un comité de valorisation2 sera à l’écoute des porteurs de projets innovants en vue d’une future valorisation (spin-off, brevet ou licence). D’autre part, une commission recherche-infrastructures mixte (Crim) veillera à effectuer rapidement des travaux requis pour les besoins des chercheurs », détaille Rudi Cloots.

Un nouveau dispositif incitant les scientifiques à solliciter les instances européennes (ERC Grant) est instauré. « Nous avons besoin d’identifier plus rapidement les études susceptibles d’intéresser la Commission européenne. Pour sélectionner les candidats avec un profil adéquat, et pour monter les dossiers et en assurer le suivi, la “cellule Europe” à disposition des chercheurs sera renforcée, avec un rôle de proximité accru et une démarche proactive au seul bénéfice des chercheurs ! Cela nécessite des compétences spécifiques sectorielles. Notre ambition est de décrocher quatre ERC par an… au moins ! »

Booster la recherche, c’est aussi trouver des possibilités de cofinancement avec des partenaires publics ou privés. « Nous travaillons de concert avec les universités voisines afin de mettre en place des bourses de doctorat en cotutelle, ce qui nous permet de multiplier par deux le nombre de doctorants. » D’autres efforts viseront encore à accroître la participation de notre Alma mater dans des projets de recherche européens : le premier programme “Co-Fund” se terminant par un bilan très positif – avec un montant de 9 millions d’euros, il a permis à l’Institution de financer 200 années de post-doc IN et 31 années de post-doc OUT –, l’ULiège va déposer une nouvelle candidature.

ÉTHIQUE

Toutes ces dispositions s’accompagnent d’une réflexion plus générale sur la recherche, son éthique et son évaluation. « L’ULiège s’est affirmée sur la question de l’Open Access ; nous voulons qu’elle se démarque également sur le terrain de l’éthique », conclut le vice-Recteur. Le Comité à l’éthique et à l’intégrité scientifique (CEIS) entend continuer de sensibiliser les chercheurs à cette facette de leur métier. Il a déjà publié un guide de référence sur l’évaluation de la recherche en sciences humaines. D’autres suivront.


1 Co-dir : Isabelle Halleux, Michel Morant et Rudi Cloots.
2 Co-val : Michel Morant, le service juridique et Rudi Cloots.

Patricia Janssens
Photo : J.-L. Wertz
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