Novembre 2017 /268
TypeArt

Drôle de père

Un film d’Amélie Van Elmbt
À voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

DroleDePere

Après cinq années d’absence, Antoine revient à Bruxelles, décidé à affronter son passé. Il frappe à la porte de Camille, la femme qu’il a aimée et la mère de leur petite Elsa qu’il n’a jamais rencontrée. Lorsqu’il arrive, Camille est sur le point de partir pour un voyage d’affaires important. Elle attend la baby-sitter qui tarde à arriver. Camille panique et demande à Antoine d’attendre la baby-sitter cinq minutes pour ne pas rater son avion. Pris au dépourvu, Antoine accepte. Il est bien loin de s’imaginer que la baby-sitter n’arrivera jamais et qu’il va se retrouver seul face à sa fille pendant trois journées d’été.

Il y a cinq ans, une jeune cinéaste namuroise frappait un grand coup dans le cinéma belge : sortie quelques mois plus tôt de l’IAD, elle investissait l’héritage de sa défunte mère pour autoproduire un premier long métrage frisant l’expérimentation, où règne l’improvisation d’Alice de Lencquesaing et David Murgia. Bilan : une sélection cannoise, l’attrait des regards sur un cinéma singulier et la révélation d’une réalisatrice à suivre. Encadré de manière beaucoup plus professionnelle (le film est produit par Les Films du Fleuve, la société des frères Dardenne), Drôle de père creuse à nouveau la question des relations humaines, la difficulté de communication, le tout dans une approche totalement libre, survoltée.

Des défauts, le film en a plusieurs, dans sa clarté, dans son tempo, dans ses enchaînements. C’est un film complexe, qui ne frappe pas toujours juste et qui confond parfois l’émotionnel et le ressenti. Ce serait toutefois dommage de ne pas voir ce qu’il y a au-delà de ces défauts somme toute mineurs. D’abord, il y a Thomas Blanchard, formidable en père fragile, au croisement de l’éternel adolescent et de l’homme mûr tentant de cacher ses faiblesses. Et surtout, il y a face à lui Lina Doillon, la fille de la réalisatrice et véritable héroïne du film, autour de laquelle l’univers entier de Drôle de père gravite. Spontanée, en perpétuel mouvement, elle crée avec Blanchard un duo tout en finesse, tout en subtilité. À travers eux, les banalités du quotidien prennent une toute autre ampleur : les enjeux d’une mise au lit, d’une cuisine, d’un séjour à la mer décuplent et construisent, lentement mais sûrement, une très belle rencontre cinématographique.

Touchant, calme, loin des pétarades sonores et visuelles du cinéma mainstream, jouant plus volontiers la corde sensible qu’autre chose, Drôle de père est un film au public sans doute restreint, mais qui saura l’apprécier à sa juste valeur.

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 22 novembre entre 10 et 10h30, et de répondre à la question suivante : dans quel film belge Thomas Blanchard est-il apparu en 2015 ?

Bastien Martin
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