Novembre 2017 /268

Mission humanitaire

Au moment de la contacter, Sarah Goffin profite d’un repos bien mérité après quelques mois de dur labeur au sein de Médecins Sans Frontières (MSF) à Lesbos. « J’étais responsable de l’équipe de promotion de la santé dans les camps pour réfugiés. Notre mission consistait notamment à informer les demandeurs d’asile sur les services disponibles dans notre clinique ou fournis par d’autres acteurs. L’équipe était multilingue (arabe, farsi, dari, français) pour venir en aide à un maximum de personnes. C’est une mission humanitaire de première importance mais psychologiquement éprouvante parce que la réalité est épouvantable, vraiment. »

VOYAGES, VOYAGES

À Bruxelles, Sarah s’occupe maintenant de gestion et de développement dans le domaine ressources humaines (RH). « Je mets en contact les infirmiers candidats avec les postes ouverts actuellement sur le terrain. Ce sont des missions assez courtes, donc il y a pas mal de travail. Cela fait un mois que je fais cela, en contrat de remplacement. Auparavant, je m’occupais de la “promotion santé” sur le terrain, ce qui veut dire, pour résumer très vite, la communication entre les projets de MSF et les communautés spécifiques. »

Sortie de l’Université en 2010, Sarah Goffin a suivi un parcours relativement atypique avant d’arriver chez MSF. « J’ai d’abord fait un bachelier en histoire puis un master en sciences de la population et du développement. C’était la deuxième année que le master existait, la première année qu’il y avait des stages… Je voulais absolument travailler dans la coopération au développement, j’ai fait un premier stage au Bangladesh. Plusieurs années après mes études à l’ULiège, je suis partie faire une formation dans un institut près de Lyon, l’Institut Bioforce, qui m’a permis de postuler chez MSF, un peu par hasard. Je ne connaissais personne et, pour tout dire, je n’étais pas très motivée au début, mais finalement je me retrouve complètement dans la mission et le mandat de l’organisation. »

Alors qu’elle est encore aux études, en dernière année de master, Sarah découvre de nouvelles cultures. « Je suis partie au Bangladesh pour mon mémoire, lequel portait sur la perception liée au changement climatique. J’ai passé quelques mois dans un village de pêcheurs, pour observer comment ils vivaient et surtout percevaient ce changement au quotidien. » Savait-elle à ce moment-là que sa vie serait de voyager régulièrement ? Au début, rien ne prédit cela. Diplôme en poche, c’est un peu la galère. « Comme beaucoup d’étudiants, je crois », précise-t-elle. Il est vrai que la concurrence est rude. Il en faut toutefois plus pour arrêter la jeune fille. « Je suis retournée au Bangladesh, puis la formation à Lyon m’a permis de partir au Liban, à Madagascar, même en Turquie à la frontière syrienne… C’était intense mais très formateur. » Basée actuellement à Bruxelles, au siège central de MSF Belgique, Sarah revient de temps à autres à Liège, où elle a sa famille. Des trajets plus reposants, on s’en doute.

DE L’ÉPANOUISSEMENT PROFESSIONNEL ET PERSONNEL

De son parcours scolaire, Sarah garde un très bon souvenir, sans tomber dans la complaisance. « Aussi bien le bachelier que le master ont permis l’éveil de plusieurs sensibilités chez moi, et même si je n’utilise pas tous les jours les compétences acquises, il est indéniable qu’elles ont aussi forgé la personne que je suis aujourd’hui et c’est sans doute cela qui m’a amenée, petit à petit, là où j’en suis maintenant. »

Et pour l’avenir ? Difficile de se prononcer, la complexité du secteur entraînant l’impossibilité de prévoir sur le long terme des engagements, en tout cas au début. « Les contrats chez MSF sont souvent à durée déterminée, en relation avec la durée des missions (cela peut aller de trois à six mois, parfois un an). Personnellement, aux ressources humaines pour le moment, je fais surtout des remplacements. » Sarah ne voit pas les choses en noir pour autant : l’engagement, l’expérience et la volonté peuvent toujours faire la différence. « À l’instar de bien des secteurs, il y a un manque de professionnels déjà formés connaissant très bien la fonction. Comme c’est mon cas, je sais que je pourrais toujours repartir en mission, et ce mode de fonctionnement professionnel à court terme me convient parfaitement pour le moment. »


Bastien Martin
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