December 2017 /269

Verviers avant Verviers

Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité

“C’est un trou de verdure” où caracole une rivière descendant de l’est des Hautes Fagnes, dans l’Eifel. Cela l’était du moins avant que William Cockerill ne s’y installe en 1799. Dès 1801, ce mécanicien anglais, à la fois ambitieux et arriviste, y rend opérationnels quatre machines à carder et filer, contribuant à transformer en ville industrielle une bourgade primitivement isolée dans une cuvette. La mécanisation de l’industrie textile était ainsi amorcée qui allait faire de Verviers, durant près d’un siècle, la capitale mondiale de la laine.

VerviersL’eau de la Vesdre avait-elle des qualités particulières pour la traiter, cette laine ? « Pas du tout, car elle contient trop de calcaire, répond Jean-Louis Kupper, professeur émérite d’histoire du Moyen Âge. En revanche, grâce à un canal creusé depuis le début du XIVe siècle, elle a permis d’alimenter un moulin banal. Une activité drapière existait donc à Verviers bien avant l’arrivée de Cockerill, en particulier à l’initiative des familles Simonis et Duesberg, respectivement à partir des XVIIe et XVIIIe siècles. » Rien d’étonnant à cela si l’on se souvient que, en Wallonie, à côté des productions métallurgiques comme les dinanderies, “la fabrication et le commerce du drap et de la toile, celui de la laine, furent parmi les grandes activités artisanales et marchandes du Moyen Âge, auxquelles, dès le début du XIIIe siècle, les villes de Huy, Liège, Nivelles, Mons, Ath et Tournai se consacrèrent”*.

Mais à l’époque médiévale et jusqu’à l’aube du XIXe siècle, Verviers, ancienne “bonne ville” de la principauté de Liège – la dernière à avoir obtenu ce titre –, ne fait pas partie de ce palmarès urbain. « Pour avoir été modeste avant son prestigieux développement du XIXe siècle, cet ancien chef-lieu du marquisat de Franchimont n’en est pas pour autant dénué d’histoire », fait remarquer Jean-Louis Kupper, dont la première conférence, entame des autres exposés, portera le titre de “Verviers avant Verviers”.

Huit autres conférences, de janvier à avril, suivront cette entrée historique en matière. Toutes seront centrées non seulement sur le passé de la cité lainière et sa région, avant 1800, mais aussi sur des questions plus spécifiquement liées au riche patrimoine d’un territoire dont le public est appelé à découvrir les différents aspects. Le site d’Atuatuca de César, la via Mansuerisca sur le plateau fagnard, le domaine et l’église de Theux, le château de Franchimont, les vues, plans et fortifications de Verviers ainsi que ses vestiges et constructions antérieurs au XIXe siècle, la figure de Grégoire-Joseph Chapuis, telles sont les principales étapes d’un programme concocté par l’université de Liège et la ville de Verviers. Arpentage qui ne négligera cependant pas certaines dimensions actuelles et prospectives de ce parcours.

* Bruno Demoulin et Jean-Louis Kupper (dir.), Histoire de la Wallonie. De la préhistoire au XXIe siècle, Toulouse, éditions Privat, 2004, p. 121.

Conférences

Du 22 janvier au 30 avril, à l’Espace Duesberg, boulevard des Gérardchamps, 7c, 4800 Verviers.

* informations et programme complet sur https://www.uliege.be/verviers-uliege

 



Henri Deleersnijder
Photo : Coll. Musées Verviers (1960)
|
Egalement dans le n°269
Éric Tamigneaux vient de recevoir le prix ACFAS Denise-Barbeau
D'un slogan à l'autre
Résultats de l'enquête auprès de "primo-arrivants" en faculté des Sciences
21 questions que se posent les Belges
Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité
Panorama des jobs d'étudiants