Décembre 2017 /269

Léon Fredericq (1851-1935)

Pionnier de la physiologie

Il est né à Gand en 1851. Après des études de médecine à l’Université, il obtient un diplôme de docteur spécial en sciences physiologiques en 1878. L’année suivante, le Pr Theodor Schwann lui-même le choisit comme successeur à la chaire de physiologie de l’université de Liège. Léon Fredericq développa cette discipline : en 1885, il fonde l’Institut de physiologie (place Delcour), ce qui apportera à l’école liégeoise un rayonnement international. Parmi ses contributions majeures, on compte la découverte de l’hémocyanine, deuxième transporteur d’oxygène utilisé par les êtres vivants, ainsi que de brillants travaux sur la circulation sanguine et la physiologie du cœur chez le chien.

LE SANG BLEU DU POULPE

FredericqLeon« Très tôt, il a fait preuve de génie dans de nombreux domaines, avec un grand apport pour la physiologie expérimentale », indique Vincent Geenen, professeur d’embryologie au centre de recherche du Giga de l’université de Liège. Il avait notamment décidé d’étudier la physiologie des invertébrés marins. C’est à la station biologique de Roscoff, en Bretagne, qu’il dissèque un poulpe et remarque que la couleur du sang qui sort de ses branchies est d’une autre couleur que celle du sang qui y entre, comme c’est le cas chez les mammifères pour le sang veineux et le sang oxygéné. « Il en déduit que le poulpe, invertébré, présente le même genre de système que les vertébrés, explique Vincent Geenen. Et il décide de chercher la substance qui capte l’oxygène dans le sang du poulpe. » C’est ainsi que Léon Fredericq découvre l’hémocyanine, une protéine notamment répandue chez un grand nombre d’arthropodes et de mollusques. Son travail présenté à l’Académie des sciences suscite l’admiration générale : outre la mise au jour de l’hémocyanine, il montrait ainsi qu’au cours de l’évolution, des protéines – ici les transporteurs d’oxygène – avaient évolué en parallèle pour remplir les mêmes fonctions chez les vertébrés et les invertébrés.

Un autre domaine l’occupera particulièrement à Liège : la circulation vasculaire et la physiologie cardiaque. Léon Fredericq s’intéresse spécifiquement à la chirurgie cardiaque chez le chien. « Il s’est plus particulièrement penché sur la mesure de la pression présente dans les différentes cavités cardiaques, reprend Vincent Geenen. Il réalisait ses mesures dans chacune des cavités à l’aide d’un électrogramme, l’ancêtre de l’électrocardiogramme et a mis au jour les pressions intracardiaques. » Il organisera plusieurs congrès internationaux dans ces domaines, dont un à Liège.

Ses centres d’intérêt débordent cependant largement le champ de la physiologie et de la médecine. Léon Fredericq fut aussi un aquarelliste de talent et un amoureux de la nature. Il sera même à l’origine de la création, en 1924, de la Station scientifique des Hautes Fagnes au Mont Rigi, que l’Université exploite toujours aujourd’hui. Il décède à Liège en décembre 1935.

EN MÉMOIRE

En hommage à son travail scientifique et ses talents de manager de recherches, un fonds Léon Fredericq fut fondé en 1987 dans le but de “donner à l’intelligence et la créativité des jeunes chercheurs les moyens de servir la connaissance scientifique et le progrès médical”. « Le Fonds avait pour ambition de stimuler la créativité des jeunes chercheurs en leur octroyant des moyens financiers, résume Vincent Geenen, son directeur. 30 ans plus tard, ce Fonds prend un nouvel élan pour amplifier son action. Le CHU et l’université de Liège, le fonds Léon Fredericq et l’ASBL le Centre anticancéreux se sont unis pour lancer la fondation Léon Fredericq, fondation hospitalo-universitaire à Liège. » D’utilité publique, la nouvelle structure, dont l’objectif de soutien à la recherche médicale et biomédicale s’étend désormais aux projets innovants du CHU de Liège et de l’ULiège en faveur du bien-être des patients et de la qualité des soins, sera dirigée par Caroline Mazy. Un projet ambitieux, essentiel, au sein d’un hôpital universitaire riche de près 600 chercheurs qui œuvrent au quotidien en faveur d’une médecine de pointe.

* article complet sur www.200.ulg.ac.be/fredericq.html

Patricia Janssens et Audrey Binet
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