Mai 2013 /224

EMerald : un nouvel Erasmus Mundus

LigniteMine500 kilos d’acier, 15 kilos de cuivre ou encore 5 kilos de plomb, voilà ce que chacun d’entre nous consomme en moyenne par an ! Chaque téléphone portable, aussi compact soit-il, contient du lithium, des terres rares, du nickel, du tantale et des dizaines d’autres éléments qu’il faut extraire de notre sous-sol. Les matières premières minérales sont devenues un enjeu stratégique majeur pour l’Europe de demain. Ce n’est donc pas un hasard si elles font l’objet d’une attention très soutenue au travers, notamment, de l’European Innovation Partnership for Raw Materials.

Les géo-ingénieurs, comme les nomme Eric Pirard, professeur en géoressources et responsable du secteur Gemme (génie minéral, matériaux et environnement) de la faculté des Sciences appliquées, ont un rôle majeur à jouer pour garantir l’approvisionnement futur de nos industries et pour les aider à gérer les flux de matières en fin de vie.

Liège, précurseur en la matière

L’université de Liège peut se targuer d’être le berceau de la formation des ingénieurs géologues dans le monde. En 1900, alors que les ingénieurs des mines se passionnaient pour la technique et entretenaient des rapports difficiles avec les sciences de la terre, le Pr Max Lohest eut l’idée de former les ingénieurs à une meilleure connaissance de l’environnement naturel en créant la formation d’ingénieurs géologues. Une formation qui, 100 ans plus tard, a fait de nombreux émules dans le monde.

Forte de cette réputation et consciente des enjeux nouveaux du métier, en particulier de l’approche géométallurgique, l’université de Liège a décidé en 2012 de prendre l’initiative de proposer à l’Europe un Erasmus Mundus Master in Georesources Engineering (EMerald). Sélectionné parmi 177 propositions, ce programme associe trois autres institutions de grand renom dans le domaine que sont l’université de Lorraine, l’université de Lulea en Suède et l’université de Freiberg en Allemagne. Chaque étudiant suivra, en deux ans, un parcours linéaire l’emmenant de Liège en Suède en passant par Nancy, avec le choix de réaliser son mémoire de fin d’études dans l’une des quatre universités du projet. Une plongée dans les géoressources doublée d’une aventure multiculturelle…

Les Erasmus Mundus s’adressent aux étudiants du monde entier. Ils bénéficient de bourses proposées par l’Europe pendant cinq ans mais en nombre dégressif, l’objectif étant à terme de parvenir à l’autofinancement de la formation. « Nous avons clôturé l’appel à candidatures fin 2012 et avons présenté à l’Europe une liste de 40 candidats présélectionnés parmi plus de 200 dossiers », résume Eric Pirard, réjoui de ce premier succès. Dès septembre prochain, une vingtaine de jeunes venus de Russie, d’Espagne, du Chili, du Brésil, d’Estonie ou encore de Turquie arriveront à l’ULg pour entamer leur cursus, donné entièrement en anglais.

Un moment stratégique

Ce nouvel Erasmus Mundus pourrait, insiste Eric Pirard, contribuer à replacer Liège sur la carte du monde à un moment particulièrement judicieux. L’Europe consomme plus de 20% de la production mondiale de métaux alors qu’elle n’en extrait que 3%. Son industrie, particulièrement fragilisée, est donc très sensible à toute initiative visant à renforcer la recherche et la formation dans ces domaines trop longtemps délaissés. De nombreuses sociétés de tout premier plan ont d’ailleurs marqué leur intérêt pour faire partie du Strategic Advisory Board du programme EMerald.

Le programme Erasmus Mundus, c’est aussi l’occasion de promouvoir de nouveaux métiers et la création d’activités nouvelles dans nos régions marquées par le déclin industriel. Procurer les ressources indispensables à notre économie, c’est aussi la préoccupation première des activités de recyclage qui exploitent les “mines urbaines” formées par l’accumulation des produits en fin de vie. Organiser la société et développer les technologies pour récupérer les ressources qui circulent dans nos économies (autrement dit closing the loop), c’est un défi que les ingénieurs des générations futures aimeront à relever !

Emerald_LogoCet Erasmus Mundus pourrait bien être un petit bijou pour l’ULg. C’est en tout cas la conviction d’Eric Pirard, qui l’a baptisé “Emerald”. En français, émeraude.

Marie Liégeois

Informations sur le site www.emerald.ulg.ac.be

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