Mai 2013 /224

Les défis de Liège

St-LambertTraduction de smart city, le concept de “ville intelligente” intègre les nouvelles technologies dans un développement urbain qui tend à une économie durable (avec une gestion optimale des ressources naturelles) et à une qualité de vie élevée. « Il s’agit d’un objectif à long terme, explique Nathalie Crutzen, chargée de cours à HEC-ULg. La ville moderne de demain, dans le respect de l’environnement, inclura les nouvelles technologies (et internet) dans sa stratégie, ses activités et ses infrastructures. »

Objectif durable

Si les entreprises ont été les premières sensibilisées à cet aspect “durable”, les villes doivent à présent impérativement leur emboîter le pas : plus de 50% de la population mondiale vit dans des centres urbains à l’heure actuelle et le chiffre risque d’atteindre 75% en 2050. L’enjeu est crucial.

La “ville intelligente” est donc la ville du futur. Elle intègre les trois principes du développement durable dans sa stratégie : créativité, innovation et utilisation optimale des nouvelles technologies (technologies de l’information et de la communication, technologies vertes, etc.), ce qui la rend attractive pour les citoyens et les investisseurs. Que faire ? Favoriser les quartiers, les bâtiments et habitations durables, intégrer les terrains industriels dans le cadre de vie, créer un réseau de mobilité et de transport intégré et intelligent, prôner une production et une consommation d’énergie durables, numériser les soins de santé, préconiser un système intelligent de gestion de l’eau et des déchets, etc.

LuzSelon Accenture, la création d’une plateforme innovante et ouverte, basée sur les technologies de l’information et de la communication pour intégrer les différentes activités et services urbain de manière plus efficace, est une des clés du succès pour les villes et leur évolution progressive vers le stade de “villes intelligentes”.

D’après une analyse d’Agoria, la fédération de l’industrie technologique, la ville de Genk est la smartest city de notre pays. Alost, Beringen, Termonde et Anvers figurent également en bonne place dans ce premier classement. Sur quels critères la fédération technologique s’est-elle basée? « Sur le degré de numérisation de l’administration (eGov), la mobilité, l’aménagement du territoire (les lieux de loisirs et autres espaces publics), le volume de déchets non triés par habitant et la consommation d’énergie », reprend Nathalie Crutzen.

Qu’en est-il de Liège ?

GuilleminsDans le cadre de cette étude, la ville de Liège arrive en 22e position, avant Seraing, Mons et Charleroi mais après Namur. Les villes wallonnes semblent donc en retard par rapport aux villes flamandes. L’étude réalisée par Agoria met en évidence les qualités de la ville de Liège en matière d’aménagement du territoire et, spécifiquement, en matière d’espaces verts et de loisirs. Pour faire de Liège une “ville intelligente”, sans grande surprise, des améliorations sont néanmoins nécessaires dans les domaines de la mobilité, de la gestion de l’énergie et des déchets ainsi qu’en matière de numérisation de l’administration.

Nathalie Crutzen relativise cependant ces résultats. « Ce classement est relatif, car il est basé sur des critères très spécifiques qui peuvent être remis en question. Par ailleurs, une étude comparative focalisée sur les politiques de mobilité des dix plus grandes villes belges – dont je publierai les résultats à la rentrée académique prochaine – montre que Liège est loin d’être le mauvais élève en matière de mobilité. Il est clair qu’il faut encore améliorer les choses, mais les Liégeois ont parfois tendance à être trop modestes (je ne suis pas de la région !) et à ne pas communiquer assez efficacement sur ce qui est fait ou en cours… Enfin, des initiatives positives commencent à émerger : je pense à la chaire Accenture en stratégie durable à HEC-ULg qui collabore avec la ville de Liège depuis deux ans sur la thématique des villes intelligentes. »

Les défis pour la Cité ardente sont donc de taille… mais les opportunités existent aussi, en matière de mobilité notamment. C’est une des raisons pour laquelle, à la demande du bourgmestre Willy Demeyer, la chaire Accenture de HEC-ULg a proposé aux étudiants de dernière année HEC-UL g d’élaborer des propositions en matière de mobilité, tant celle des personnes que celle des marchandises. Cinq projets ont été retenus, lesquels ont été présentés au conseil communal à la fin du mois de mars. Le 23 avril dernier, lors d’une cérémonie de clôture au Palais des congrès, les auteurs finalistes ont présenté leur idée devant le public. Le jury a sélectionné deux projets : “Liège Electricity” (qui a l’ambition de transformer la cité mosane en une capitale des véhicules électriques dès 2020) et “Intelligent Deliveries” (qui veut développer une e-plateforme pour gérer, automatiquement et en temps réel, les aires de livraison)*. La balle est à présent dans le camp du bourgmestre.

Patricia Janssens
Photos : © M. Verpoorten - Office du tourisme de la ville de Liège

* Les cinq projets finalistes sont en ligne sur www.hec.ulg.ac.be/annnee20122013

Smart cities

Nathalie Crutzen, Thomas Froehlicher, doyen de HEC-ULg et Freddy Vandaele, d’Agoria,
seront les invités de Liège Creative sur le thème des “villes durables et villes intelligentes” ou
smart cities, le jeudi 23 mai, à 17h30, au château de Colonster, 4000 Liège.

Contacts : tél. 04.349.85.08, courriel info@liegecreative.be, site www.liegecreative.be

|
Egalement dans le n°269
Éric Tamigneaux vient de recevoir le prix ACFAS Denise-Barbeau
D'un slogan à l'autre
Résultats de l'enquête auprès de "primo-arrivants" en faculté des Sciences
21 questions que se posent les Belges
Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité
Panorama des jobs d'étudiants