Septembre 2013 /226

The Congress

Un film de Ari Folman (2013)
Avec Robin Wright, Harvey Keitel, Paul Giamatti, Jon Hamm, Kodi Smit-McPhee
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

TheCongressDans un univers de requins, Robin Wright est l’actrice de son propre rôle. Les studios Miramount, prétendument obligés de s’adapter aux évolutions du marché, lui font une proposition qu’elle ne peut refuser car, dans un futur pas si lointain, porter ses rides à l’écran aura tout de l’obscénité malvenue. Pour ne pas voir s’envoler ses derniers rêves de carrière, elle consent à être intégralement scannée. Contrepartie de cette nouvelle liberté imposée, son avatar numérique prendra son relais à l’écran dans les productions commerciales les plus innommables. Celles, justement, qu’elle s’était jusqu’alors mis un point d’honneur à refuser. 20 ans plus tard, le monde tel qu’il se dessinait déjà n’a plus rien d’humain : Robin Wright, invitée d’honneur au congrès Miramount-Nagasaki, introduite par un familier du nom de Reeve Bobs, pénètre dans un monde terrifiant entièrement fait d’images animées, voile criard posé sur la réalité.

Là où Waltz with Bashir – le précédent film du très remarqué réalisateur israélien – mettait l’animation au service de ses propres convictions, ce nouvel opus hybride fait le pari du contraire, en pointant non sans cynisme les dérives mercantiles du star stytem (et la superficialité dans laquelle la société du spectacle le plonge). Avec The Congress, Ari Folman, documentariste avant tout, continue inlassablement son travail de questionnement du réel et fait une fois de plus l’habile démonstration que le cinéma d’animation peut aussi être un moyen solide de rendre compte du réel, avec parfois plus de puissance et de fidélité que toute autre forme. Et pourtant, c’est sans doute la première partie, tournée en images réelles, qui constituera le meilleur plaidoyer du cinéaste, tant écriture et direction d’acteurs semblent unies d’une même maîtrise. Cette partie s’achève comme elle a commencé, sur un magnifique monologue porté par Harvey Keitel, agent pugnace comme doit l’être tout agent. Comme sur un ultime tapis rouge, l’alcôve étoilée, flash après flash, scanne le corps de l’actrice, censée donner sans retour toute la palette de ses expressions. Fin en apothéose de cette première mise en abyme, où l’image n’en peut plus de se regarder.

On pourra regretter que ce qui y succède ne soit pas fait de la même limpidité, ou prendre alors le parti de se perdre dans ses méandres fascinants. Si la confusion entre les prises de vue réelles et les images d’animation est à dessein cultivée, celle qui s’empare des multiples intrigues intriquées et des mises en abyme enchâssées peut déstabiliser : la politique des studios laisse petit à petit place à quelque chose de plus vaste, tournant autour des questions politiques, pharmaceutiques et, plus généralement, des limites que nous sommes disposés à imposer dans notre monde à la facticité.

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18, le mercredi 18 septembre de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : quelle société de post-production basée en Belgique a contribué aux effets spéciaux de The Congress ?

Renaud Grigoletto
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