Septembre 2013 /226

Protection des travailleurs

Le service de dosimétrie accrédité

PhotodosimetrieSpécialité méconnue, la dosimétrie individuelle est un véritable outil de radioprotection. Elle joue un rôle crucial dans la mesure de l’exposition des travailleurs aux radiations ionisantes. L’ULg possède l’un des 12 services de dosimétrie, universitaires ou privés, actifs en Belgique. Il fait partie du service universitaire de contrôle physique des radiations (SUCPR) chargé de faire appliquer la réglementation en matière de radioprotection à l’ULg et au CHU. Il contrôle le respect des exigences réglementaires et conseille de manière préventive les services utilisateurs de rayonnements ionisants. Parmi ces utilisateurs, nous retrouvons notamment les laboratoires qui recourent aux radio-isotopes (le cyclotron et le Giga à l’ULg, la médecine nucléaire au CHU) ou les utilisateurs d’appareils à RX dans les deux entités tels que l’imagerie médicale (humaine ou vétérinaire) et les accélérateurs de particules en radiothérapie.

2600 personnes concernées

Les services de dosimétrie ont certaines obligations. Ils doivent être non seulement agréés par l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) mais aussi, depuis le 1er août dernier, accrédités selon la norme ISO 17025. Le service de dosimétrie de l’ULg est le premier service universitaire belge à avoir obtenu, dès avril dernier, cette  reconnaissance auprès de l’organisme belge d’accréditation, Belac. Il s’agissait d’un grand défi pour un petit service universitaire de l’administration centrale, défi relevé avec l’appui du réseau qualité des laboratoires de l’ULg (RQLab). « Nous assurons principalement la dosimétrie pour l’ULg et pour notre partenaire privilégié qu’est le CHU, mais aussi pour des hôpitaux privés de la région liégeoise, des cabinets dentaires et vétérinaires, des hautes écoles ou des sociétés privées. Cette activité concerne pas moins de 2600 travailleurs pour les seuls établissements de l’ULg et du CHU, précise Véra Pirlet, directrice du SUCPR. Et nous ne sommes pas peu fiers d’avoir décroché l’an dernier le marché de l’Institut des matériaux et mesures de référence de la Commission européenne (IRMM), établi à Geel », ajoute-t-elle.

Le service de dosimétrie a utilisé pendant 43 ans la technologie du film dit “photographique”. Dans le cadre de la démarche d’accréditation, il a été le premier en Belgique à remplacer ce système par la dosimétrie OSL (luminescence stimulée optiquement), l’une des deux technologies utilisées aujourd’hui avec le TLD (dosimètre thermoluminescent). Tout employé exposé aux rayonnements ionisants reçoit donc un dosimètre, à savoir un petit boîtier contenant un détecteur de radiations ionisantes. Ce dosimètre, strictement individuel, est porté en permanence à hauteur de poitrine durant l’activité professionnelle. Il s’agit là d’une obligation légale pour l’employeur. Le dosimètre enregistre l’irradiation professionnelle mais également naturelle reçue par l’utilisateur.

« Au début de chaque mois, le travailleur reçoit un nouveau dosimètre et nous renvoie celui qu’il a porté durant le mois précédent, explique Michel Koch, responsable technique pour la dosimétrie et responsable qualité du SUCPR. Lorsque les dosimètres portés nous reviennent, nous procédons à la lecture des détecteurs. Par stimulation lumineuse, nous récupérons une partie de l’information sur le détecteur. Cette information est transformée en un signal électrique. La mesure de ce signal permet de calculer une valeur de dose correspondant à l’énergie des radiations ionisantes absorbée par le détecteur. Ne prélevant qu’une partie de l’information présente, nous pouvons relire le détecteur ou le conserver pour enquête ultérieure. »

Au moyen d’un logiciel de calcul et de gestion des doses, la dose reçue est attribué à la personne qui a porté le dosimètre. « Nous analysons les résultats dosimétriques afin de détecter toutes les valeurs suspectes, puis transmettons un rapport au responsable de chaque service ou établissement », poursuit Véra Pirlet. L’ensemble de ce processus est assuré par trois personnes au sein du SUCPR.

Risque potentiel

L’unité de mesure est le Sievert (Sv), correspondant au risque biologique potentiel. La limite de dose légale est fixée à 20 milliSieverts (mSv) pour un an (12 mois d’activité cumulés). Cependant, pour des raisons d’optimisation de la protection du travailleur, l’ULg a imposé une contrainte interne de dose de 12 mSv par an, soit 1 mSv par mois. En cas de dépassement de la contrainte interne ou de toute autre dose suspecte, le SUCPR mène une enquête. « Si, par contre, la limite légale est franchie, nous sommes obligés de remettre un rapport d’incident à l’AFCN, précise Véra Pirlet. La médecine du travail peut alors éventuellement intervenir pour écarter la personne de son poste de travail. » En règle générale, les dépassements de dose sont dus à la surcharge de travail... ou à l’oubli du dosimètre près de la source de radiations !

De toute évidence, le service de dosimétrie de l’ULg remplit une mission importante, tant du point de vue de la santé au travail que du volume d’informations à traiter (plus de 4000 dosimètres gérés par mois, dont 600 pour l’ULg et près de 2000 pour le CHU). Il peut être fier d’être accrédité ISO-17025.

Le défi, à présent, est de maintenir cette accréditation et de continuer à offrir aux utilisateurs de dosimètres le meilleur service possible.

Informations sur les sites www.ulg.ac.be/sucpr et www.ulg.ac.be/rqlab

Eddy Lambert
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