Septembre 2013 /226

Le logement étudiant a la cote

Le marché liégeois encore plus florissant

Contrairement à Namur, où la pénurie est patente et endémique, l’offre en matière de location de kots demeure relativement abondante en région liégeoise. Mais si les propositions circulent effectivement par le truchement d’une diversité grandissante de sites internet (à vocation immobilière ou non), de petites annonces, de groupes Facebook ou d’affichettes, c’est leur rapport qualité-prix qui est principalement en cause. La Fédé mène d’ailleurs un combat continu afin que le prix des logements pour les étudiants soit abordable et que les standards de qualité ne rasent pas les seuils de salubrité. Or, on constate souvent durant les années qui suivent de difficiles périodes hivernales, de nouvelles augmentations dues aux hausses des charges. Par ailleurs, la taxe sur les kots de moins de 28m² passant de 150 à 190 euros par an, il serait surprenant que la différence ne soit pas répercutée sur les loyers à venir.

Mais la nouveauté, dans cette lucrative enveloppe de kots qui se transmettent depuis des années, à mesure que les populations étudiantes éphémères se renouvellent, c’est les hôtels pour étudiants, pour qui les promoteurs immobiliers semblent avoir les yeux de Chimène. Leur offre inclut, en plus des indispensables lit et bureau, l’internet, la télévision, une salle de loisir ou d’étude, des consoles de jeu ainsi que des services de linge et des vélos. Avec, en plus, une touche écologique affirmée à destination d’un public jeune davantage captif à ce genre de considération. Tout est inclus dans des “packs” allant jusqu’à 760 euros. Et, depuis le premier projet de résidence tout confort situé dans l’ancien home Ruhl du boulevard d’Avroy (cédé en 2006 par l’ULg à un entrepreneur privé), les projets se multiplient. Si ceux qui sont prévus dans l’ancienne Soundstation – gare Jonfosse – ou au bord de l’esplanade Saint-Léonard semblent un peu poussifs, le dernier en date est opérationnel. Son nom, c’est “Meuse Campus”. Investissant une autre ancienne résidence de notre Alma mater, le projet a fait renaître 235 studios dans le bâtiment de la place du 20-Août jadis connu sous l’appellation “résidence André Dumont”.

L’union fait l’économie

Concrètement, lesdits studios ont été vendus sur plan, en huit mois, à 170 investisseurs particuliers qui les proposent maintenant à la location par l’entremise d’une agence située au rez-de-chaussée et qui assurera également la gestion quotidienne de cette grande cage hôtelière estudiantine de luxe. « On est sorti du concept de logements communautaires pour entrer dans un concept de logements plus privatifs avec un foyer et une salle d’étude, résume Thibault Van Dieren, directeur d’Eckelmans Immobilier, le promoteur qui gère 5000 lits entre Bruxelles, Louvain, Gand et Liège. Le sauna, c’est anecdotique, mais la salle de fitness risque par contre d’être beaucoup utilisée, comme c’est le cas dans notre résidence de Louvain. Quant à la salle d’étude, c’est une nouveauté pour nous. L’étudiant peut donc à la fois se concentrer seul dans sa chambre et travailler dans un espace commun. » Passé le concept d’écogestion, l’on retiendra que la résidence n’est pas ouverte aux extérieurs et qu’un esprit communautaire devrait donc naître, à l’instar de celui qui prévaut aux homes universitaires du Sart-Tilman, notamment grâce à la terrasse et à la véranda perchées sur le toit. Un remède à la misanthropie qui agira même si les coins “cuisine” et “douche” ne doivent pas obligatoirement être partagés, sauf pour les adeptes de la scissiparité qui, occupant à deux une chambre à deux lits somme toute assez exiguë, s’en sortiront avantageusement avec plus ou moins 350 euros par mois.

Les logements étant déjà largement loués, on dénombre pour l’instant une moitié d’étudiants belges et un bon tiers de Français. Car la clientèle plus internationale, c’est plutôt le rayon du Student Hôtel du boulevard d’Avroy. « On recense chez nous plus de 30 nationalités, évalue fièrement Gregory Abino, son gérant. L’anglais est la langue usuelle dans le bâtiment, mais chacun a tout le loisir d’entretenir ses acquis dans n’importe quelle autre langue grâce à la diversité des cultures présentes. L’avantage de ce type de résidence-service, c’est aussi que l’on n’a aucun meuble à acheter, pas de fournisseur d’énergie ou de mauvaises surprises de régularisation de charges à gérer. On branche son PC et c’est parti ! » Comptez 500 euros par mois pour ce confort.

Entre marketing et arnaque

Mais si cette solution vendue à grand renfort de marketing est séduisante pour ceux qui manquent de temps, il est encore possible de faire soi-même de bonnes affaires. A l’heure de boucler cet article, il restait encore un kot au calme à cinq minutes de la faculté vétérinaire pour 360 euros par mois avec propriétaire sympa, jardin, wi-fi, machine à laver et charges comprises. Ou des studios tout juste rénovés au centre-ville pour 350 euros par mois hors électricité, mais avec wi-fi et consommation d’eau inclus.

Reste qu’en dehors de ces offres sûres, les affaires chez les particuliers (pour faire l’économie des commissions d’agences immobilières) réclameront une certaine vigilance quant aux assurances, charges, contrats et autres cautions. Sans compter les arnaques que nous avons nous-même testées, telle cette “maison cinq pièces 87 m² situer (sic) dans la rue des Glacis à Liège et non loin de la pharmacie citadelle (re-sic)” dont le propriétaire est soi-disant en mission pour l’ONU, louée 500 euros toutes charges comprises ! Si une mauvaise orthographe n’est pas du style à vous alerter, attention à la “visite signature de contrat” pour laquelle on vous demande de préparer un dossier et 1000 euros en espèces. En la matière, toujours se méfier des versements en liquide.

Fabrice Terlonge
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