Octobre 2013 /227
TypeArt

Comme un lion

CommeUnLion

Un film de Samuel Collardey (2013)
Avec Marc Barbé, Mytri Attal, Anne Coesens, Marc Berman, Jean-François Stévenin
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

Dans un village du Sénégal, le jeune Mitri, comme tant de ses semblables, aspire, entre deux parties menées sur des terrains vagues, à une belle carrière de footballeur professionnel, attiré par les promesses de fortune et de félicité miroitant depuis la lointaine Europe. Un talent assez évident mais pas rare et une tendance à croire en un ailleurs enchanteur suffiraient, ajoutés à la naturelle candeur du jeune âge, à transformer le premier venu en prophète de jours meilleurs. Le premier détecteur de talents peu scrupuleux de passage fera l’affaire. Le temps, pour la grand-mère qui l’élève, de contracter dans l’urgence d’importantes dettes et le voilà dans un avion pour la France (celle-là même qui a vu grandir Samuel Collardey, le réalisateur).

En offrant à contempler la trajectoire de vie d’un être déchiré entre espoirs increvables et désillusions précoces, Comme un lion, librement inspiré de faits prétendument réels, prend le risque de ne trop savoir sur quel pied danser. Si le happy end – certes nuancé – n’est pas écarté, rendant la réalité de nos propres actes moins difficiles à regarder, le récit, loin de privilégier l’entre-deux, ne se refuse pas d’égratigner comme il se doit l’équipe locale, les habitants de cette “terre d’accueil” avec lesquels son auteur n’est pas toujours tendre. D’abord, cet agent de joueurs détestable qui, comprenant qu’on lui a envoyé un mineur berné pour quelques milliers d’euros, n’hésite pas à l’abandonner à son sort, prétextant la tenue d’un test de recrutement qui s’avère être fictif. Ensuite, cet entraîneur d’un modeste club local auquel Mitri s’impose avec la fougue d’un lion pour tâter du ballon et qui passera de l’amertume de l’ancien joueur à la carrière brisée à l’empathie du coach paternaliste. Comme un moyen pour le spectateur européen de se racheter une conscience collective, au prix d’un léger manque de surprise. A l’image de cette région principalement ouvrière où le football, partageant en cela les rêves africains, reste une des seules échappatoires. Contraste parfois saisissant entre la détermination du jeune Mitri, dont le seul avenir envisageable est de percer dans la discipline et le renoncement de son mentor, en lente érosion face à l’enthousiasme de ce jeune sorti de nulle part.

La filmographie de Samuel Collardey semble s’enrichir, avec cette nouvelle production, de propositions renouvelées sur des thématiques qui lui sont proches. L’ailleurs, passage initiatique de son récit, paraît être ici un nouveau point d’entrée vers l’introspection, portée sur son propre pays et sur le quotidien de ses sujets les plus modestes, loin des préoccupations qui agitent tant le cinéma français pour qui l’étranger commence au-delà du périph.

 

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 16 octobre de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : dans quel club professionnel français espère finalement atterrir le jeune Mitri ?

Renaud Grigoletto
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