Octobre 2013 /227

Success story

Coup d’oeil sur ceux qui reprennent des études

Dans le rude contexte de crise et donc de nécessaire redéploiement économique de notre région, le fait de reprendre des études peut apparaître sinon comme une solution, a minima comme une manière intelligente de rester dans une dynamique positive. Si la valorisation des acquis de l’expérience (VAE) permet théoriquement à des travailleurs de bonifier leur expérience professionnelle pour réduire quelque peu la durée d’un nouveau cursus universitaire, un certain nombre d’entre eux n’y ont pas recours. Des étudiants parfois un peu plus chenus apparaissent donc sur les bancs de l’Université par la filière normale. Mais la plupart de ceux qui reprennent des études “sur le tard”, en cours du jour, se fondent généralement dans leurs groupes de condisciples. 132 personnes de plus de 40 ans étaient inscrites l’an dernier en baccalauréats, masters et années préparatoires aux masters (passerelles). Ainsi, Daphné Wilmart, une étudiante en psychologie de 44 ans, a défendu – avec brio – son mémoire au début du mois de septembre et envisage maintenant une carrière professionnelle en se sentant mieux armée. C’est aussi le cas d’Antoine Vandendyck qui, à tout juste 40 ans, vient d’achever brillamment son master en ingénieur civil biomédical. Un étudiant au parcours atypique.

Le 15e jour du mois : Comment avez-vous été amené à reprendre des études universitaires ?

Antoine Vandendyck : Diplômé ingénieur industriel de l’Isil en 1996, j’ai travaillé cinq ans dans l’imagerie médicale avant d’intégrer un groupe sidérurgique en tant que responsable au service automatisation. A la suite d’un arrêt temporaire des activités de l’entreprise, j’ai décidé de reprendre un master en cours du jour pour ne pas broyer du noir dans mon coin. Ce fut plus difficile la deuxième année et notamment par rapport à mes deux enfants car, ayant été réaffecté à un autre poste, j’ai dû consacrer tous mes jours de congé à l’étude.

Le 15e jour : Avez-vous éprouvé des difficultés particulières ?

A.V. : Franchement non. J’ai eu de bons soutiens. La liberté qu’offre le cursus universitaire s’est avérée particulièrement adaptée, dans mon cas. Certains cours se prêtant même à l’étude à distance quand d’autres requièrent une présence dans les auditoires. L’âge et l’expérience ont également joué positivement dans ma bonne organisation.

Le 15e jour : N’est-ce pas parfois un peu difficile de se retrouver parmi tant d’étudiants plus jeunes ?

A.V. : J’avais 36 ans au début et j’ai été merveilleusement accueilli parmi des jeunes de 22 ans. J’avais aussi peur d’une sorte de “boycott” dans la mesure où je n’avais pas fait mon bachelier à l’ULg. Mais les verres pris ensemble après les cours et le partage de notes m’ont rassuré : on a même imaginé que je fasse mon baptême et les bleusailles avec mon épouse et mes enfants m’attendant dehors dans la voiture. Bref, l’ouverture était grande. Et il m’est quelquefois arrivé d’expliquer à mes jeunes condisciples de petites choses découlant de mon expérience professionnelle.

Le 15e jour : Comment voyez-vous votre avenir maintenant ?

A.V. : Le hasard fait que ma société m’a proposé un poste intéressant… sans rapport avec mon nouveau diplôme. Mais cela reste “un plus” sur mon CV et une nouvelle corde à mon arc. J’ai évidemment envie de travailler dans le domaine biomédical, d’autant que mon master est encore méconnu dans le secteur pharmaceutique et médical. J’exhorte cependant tous les responsables à engager prioritairement des ingénieurs biomédicaux bien mieux adaptés à leurs besoins que les ingénieurs chimistes ou électromécaniciens.

Propos recueillis par Fabrice Terlonge
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