Octobre 2013 /227

Prête-moi ta plume

Un voyage entre civilisations, science et imaginaire

Du Paléolithique à nos jours, la Lune a toujours exercé une fascination particulière sur l’homme. “Etre dans la lune”, “passer une lune de miel” : autant d’expressions populaires qui témoignent de la présence forte de cet astre dans notre quotidien. En abordant les différentes facettes du seul satellite de la Terre, l’ouvrage collectif Eclats de Lune dénoue les mythes et les croyances issus de la culture populaire et en livre une approche résolument scientifique.

Dans le premier chapitre, consacré aux civilisations, Marcel Otte et Pierre Noiret s’attachent au rôle de la Lune comme mesure du temps au cours de la Préhistoire : « Parmi les référentiels les plus adéquats aux aspirations humaines, les phases lunaires correspondent très exactement à l’équilibre requis entre les jours, trop uniformes, et l’année, trop bouleversante. Durant le Pléistocène, les steppes sans fin de l’Eurasie, telles des océans terrestres, n’offrent qu’un seul référent cyclique : les mouvements lunaires [...]. » Cette importance du calendrier lunaire ne se limite pas à la Préhistoire : elle se retrouve chez les habitants de la péninsule Arabique, à l’ère préislamique, mais aussi en Mésopotamie, où l’astre est assimilé à une divinité masculine. Cette intégration récurrente de la Lune dans la mythologie concerne tant les panthéons mésopotamien et égyptien que la Rome et la Grèce antiques – où l’astre incarne une figure ambivalente, oscillant entre le corps céleste tangible et l’appartenance au divin.

Au-delà du tournant constitué par les observations de Galilée à la lunette astronomique sont nées nos connaissances actuelles sur l’astre. Sa composition, sa densité et son évolution sont décrites par Yaël Nazé, tandis que Dominique Gering nous donne les clés de compréhension des phases de l’astre et des éclipses. Eclats de Lune consacre également plusieurs articles à l’exploration de l’astre, décrivant les premiers pas sur la Lune ou encore l’étude de ses météorites. Au détour d’une page, Jacques Jedwab, premier chercheur belge à avoir étudié un échantillon lunaire, nous livre quelques fragments de son journal de l’époque : « Juin 1968. – Reçu lettre de la NASA m’annonçant ma sélection comme Principal Investigator. Enfermé dans la marmite contestataire de l’ULB, je me fais l’impression d’être fou de croire que l’on pourra calmement regarder des pierres lunaires en 1969. [...] 7 février 1969. – Ouf ! Quelle journée [...]. Fin de matinée, la NASA communique le nombre des PI’s et leurs nationalités, mais pas leurs noms. La presse y détecte un Belge [...]. »

Enfin, après un détour par le folklore, le troisième chapitre rappelle à notre souvenir de nombreuses oeuvres consacrées au satellite terrestre : de la plume de Baudelaire – évoquant les larmes de l’astre “aux reflets irisés comme un fragment d’opale” – au crayon de Winsor Mc Cay, du Clair de Lune de Debussy aux créations empruntes de fantastique de Georges Méliès, la Lune n’a pas fini d’inspirer les artistes. Par son approche originale et la multiplicité de ses points de vue, Eclats de Lune offre au lecteur une riche fenêtre sur un astre que l’homme essaye d’apprivoiser depuis la nuit des temps.

Page réalisée par Julie Delbouille
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