Novembre 2013 /228
TypeArt

Concours Cinema

Un film de Steven Soderbergh
Avec Matt Damon, Michael Douglas, Rob Lowe, Dan Aykroyd
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

Derrière un titre en version française instantanément dépossédé de toute subtilité et présageant un énième biopic de tous les excès aux conclusions dramatiques vues et revues se cache, en réalité, la version touchante d’un énième biopic de tous les excès aux conclusions dramatiques, vu et revu depuis les coulisses. Une histoire de coeur lové dans le doux revers d’un veston à paillettes. Liberace, pianiste aussi exubérant que virtuose, est un pur produit du showbiz, prêt à éclabousser les plateaux télévisés de son talent plutôt que les couvertures de la presse à sensation avec les extravagances de sa vie sentimentale.

En 1977, alors que sa carrière, commencée à la fin des années 1940, est déjà bien entamée, il fait la rencontre de Scott Thorson, beau blond qui pourrait être son fils si leurs milieux d’origine n’étaient si différents. C’est le début d’une relation intense d’êtres en fusion, sur le mode du Pygmalion et de son protégé (comme l’entourage de Liberace en a tant vues), dans laquelle l’un voudrait être tout pour l’autre : un père, un amant, un frère, un ami. Ma vie avec Liberace prend le parti de conter, avec toute la retenue du classicisme, cette relation orageuse depuis sa naissance jusqu’à la douloureuse rupture publique qui mettra fin, en même temps, à la couverture “100% hétéro”de la star auprès de son public. Déception davantage partagée par les vieilles dames brûlantes que par les jeunes hommes sensibles qui le composent.

Une fois le décor planté, une fois le rideau levé, le spectateur s’attend à tout, ce qui impliquera probablement de souffrir un peu, beaucoup, d’une certaine romance passionnée jusqu’à la folie couplée à une vague caricature du showbiz gay taillée à la mode des seventies. Ou pas du tout. En effet, face à ces écueils prévus, le film de Soderbergh fait mieux que se défendre. Les corps et leur métamorphose sont finalement les dépositaires d’un certain excès, non celui du film et de sa réalisation, mais bien ceux de la vie de ces deux compagnons (Matt Damon en demi-éphèbe peroxydé et Michael Douglas en Liberace libéré), à coups de fourrures dispendieuses, de paillettes affriolantes et de bistouris légèrement trompeurs.

Peu de surprise et, donc, pas de mauvaise surprise. Point de déluge de mauvais goût kitsch (juste ce qu’il faut), point de film à thème ou thèse qui ferait de la relation homosexuelle qui les unit le sujet unique et central du film, mais une histoire forte racontée avec force, une relation sincère racontée avec sincérité, une évocation digne racontée avec une touche de dérision bienveillante, celle qui permet de plonger dans le tourment comme dans l’euphorie de ces folles années.

 

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 20 novembre de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : quel fait notable a marqué la sortie du film aux Etats-Unis ?

Renaud Grigoletto
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