Novembre 2013 /228

Incubateur théâtral

DonJuanCertains – et ils sont de plus en plus nombreux – pensent que la culture est le socle de toute identité. A ce titre, elle peut jouer un rôle majeur en termes de redéploiement économique. Pas seulement en vertu du principe selon lequel un euro investi dans la sphère culturelle amène un retour sur investissement positif. Mais aussi et surtout parce que la créativité – qui est à l’origine de l’acte culturel – apparaît de plus en plus clairement comme le ferment de l’économie contemporaine. Très clairement, le secteur culturel pèse dans l’activité économique, le développement et la renommée des régions.

« Alors que Liège – comme d’autres métropoles européennes – doit relever le défi d’une restructuration économique, sociologique et urbanistique, il paraît utile de susciter des synergies entre professions créatives », estime le Pr François Pichault, de HEC-ULg. Dans ce sens et depuis plusieurs années, l’ASBL Théâtre&Publics, l’Ecole supérieure des acteurs (Esact) et HEC-ULg ont noué des collaborations informelles en vue de favoriser des rencontres entre le milieu des créateurs, les responsables d’entreprises, les syndicalistes, les chercheurs en gestion et les étudiants. L’objectif étant de créer un “incubateur” à vocation culturelle, c’est-à-dire une structure qui accompagne de A à Z les projets de création d’entreprises culturelles dans le secteur des spectacles vivants.

« A travers différents échanges, tables-rondes et séminaires, il est apparu que les comédiens apportent un “supplément d’âme” dans le quartier où ils vivent, note François Pichault. Au départ de l’Ecole des acteurs, notre idée est dès lors de susciter les conditions pour que les comédiens s’insèrent dans le développement du Val-Benoît. » Un peu sur le mode canadien qui fourmille d’exemples positifs : à Montréal, à l’initiative de l’Ecole nationale de cirque et du Cirque du soleil, est née, en 1999, la Tohu. Cette cité pour arts du cirque a pour objectif non seulement de faire de Montréal la capitale internationale de cette discipline, mais encore de revitaliser le quartier Saint-Michel de la ville québécoise et de se positionner comme la référence en matière de développement durable par la culture.

Construire un “incubateur théâtral” pour le Pr Pichault, « c’est mettre à la disposition de comédiens un espace de recherche qui explore de nouveaux business models dans l’activité du spectacle vivant, qui soutient par des formules novatrices la mutualisation entre opérateurs des pratiques et des ressources, qui offre un accompagnement à la création et à la production de projets artistiques, tout en attirant sur le site d’autres créateurs (cinéma, doublage, musique, nouvelles technologies, décor, etc.) et en dynamisant un quartier par le biais d’activités économiques et culturelles co-construites avec ses habitants. » Le projet a déjà été présenté au cabinet du ministre Jean-Claude Marcourt et sera bientôt sur la table de la ministre Fadila Laanan.

Sur le m�me sujet :
|
Egalement dans le n°269
Éric Tamigneaux vient de recevoir le prix ACFAS Denise-Barbeau
D'un slogan à l'autre
Résultats de l'enquête auprès de "primo-arrivants" en faculté des Sciences
21 questions que se posent les Belges
Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité
Panorama des jobs d'étudiants