Décembre 2013 /229
Baby BalloonBaby BalloonUn film de Stefan Liberski Bici, du haut de ses 18 ans, déborde de talents et d’émotions qu’elle ne parvient plus tout à fait à contenir. Comme toutes les filles de cet âge, finalement. Trop plein de sentiments, de reproches et de regards désobligeants venus se loger, avec le temps, dans cette carapace providentielle. Carrément ronde, Bicitacion (seul héritage d’un père toréador trop tôt disparu) dissimulerait presque avec autant de talent son mal-être persistant. Au point de porter sur le devant de la scène son corps et sa voix, au point de prendre la place qu’il faudra. Bici chante dans un groupe de rock d’ados vite emballés comme le baromètre d’une gloire un peu montante et oublie de ne pas tomber amoureuse de Vince, le beau guitariste garant essentiel de tout succès et, accessoirement, ami d’enfance. Tout ce petit équilibre fragile vient vaciller avec l’arrivée de sa dernière conquête, Anita, petite bourge pétrie de clichés et portée sur l’humanitaire comme d’autres peuvent l’être sur le safari en terres hostiles. Le récit de Baby Balloon, celui de ce bébé tout en rondeur qui peine à prendre son envol, marque finalement le retour au cinéma de Stefan Liberski et de ses personnages en bout de piste, déjà privés de tout horizon dans le très sensible Bunker Paradise. Autant d’affinités entre des créatures un peu perdues qui viennent alimenter le flot des attentes assez légitimes de spectateurs intéressés par son travail, malgré son arrivée tardive sur le tournage en tant que metteur en scène. Si l’histoire semble assez vite emballée, prête à fondre en bouche comme le premier bonbon acidulé venu, elle laisse toutefois la place à un traitement un peu arraché auquel nous a habitués le réalisateur. Mais, alors qu’on se laissera agréablement surprendre par le claquement inopiné de quelques bulles qui éclatent sous la couche rosâtre, un peu trop lisse, de cet hymne juvénile au“ bubble rock” pas désagréable, reste un arrière-goût un peu pâteux, tout même râpeux par endroits, empêtré dans l’espoir de ces quelques moments de basculement potentiels qui n’adviennent finalement pas vraiment. Tout au plus y frôle-t-on la part d’ombre de ces silhouettes suintant sous les projecteurs, perdues dans la frénésie de l’instant, habilement captées dans ces moments de foule et de déchaînement, tantôt sur scène, tantôt dans la pénombre de soirées destinées à abandonner tout souvenir dans des fonds de bouteilles. Une vraie tension naît de ces instants, où la pulsation intime de ces êtres se mêle à celle de basses martelantes, où les battements de lavmusique prennent le relais du pouls faiblard du bassin industriel liégeois. Derrière le projet cinématographique, Baby Balloon s’affirme en fait un autre, qui ferait de la bande-son à la fois un élément dramatique central du film et la promesse d’une existence affranchie de l’écran. La rencontre de Stefan Liberski, confirmation derrière la caméra et la guitare, et de Ambre Grouwels, révélation devant la caméra et le micro, appelle désormais à d’autres envolées, plus musicales. Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 18 décembre de 10 à 10h30 et de répondre à la question suivante : sous quel titre devait sortir Baby Balloon à l’origine ?
Renaud Grigoletto
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