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Sacré Charlemagne !Le point sur l’histoire et les clichés
Pour cette carolingianiste, il plane autour de Charlemagne une forme de mystère, qui contribue à étoffer davantage encore sa légende. Parmi les grandes questions que suscite le fils de Pépin le Bref, celle de son origine : est-il, oui ou non, liégeois ? « On n’aura jamais de preuve de la présence de Pépin III et de son épouse dans nos régions à l’époque de la naissance de Charles (2 avril 747ou 748), puisqu’on ne dispose d’aucun texte ni vestige matériel l’attestant, malgré les fouilles archéologiques. De plus, on ne tenait pas de registres de naissance paroissiaux à l’époque et Charlemagne apparaît mentionné pour la première à l’Epiphanie 754, lorsqu’il a six ou sept ans, envoyé par le roi, son père, pour accueillir le pape Etienne II en Champagne-Ardenne », rappelle Florence Close, consciente de l’attache qu’entretiennent les habitants de Liège, Herstal, Jupille et du bassin mosan, comme en témoignent les rues, écoles, boutiques ou encore étiquettes de chocolat qui portent le nom de Charlemagne. « On sait, poursuit-elle, que Charlemagne célébra quatre fois Noël et cinq fois Pâques dans le “Palais royal” de Herstal entre 771 et 784. Mais la cour était alors itinérante, ce qui signifie que la région mosane constituait un point de chute parmi d’autres. Et de ce palais, on ne sait absolument rien. Toute tentative de reconstitution est impossible. » Ceci dit, même si son berceau n’est peut-être pas à Liège, il n’en demeure pas moins que Charlemagne provient d’un lignage issu de nos régions : la Hesbaye. Et si l’Académie royale de Belgique a décidé, au XIXe siècle, de déclarer Charlemagne “belge” (tout le monde se l’arrache : la France et l’Allemagne l’ont aussi repris dans leurs biographies nationales !), la question n’est pas définitivement tranchée… Ce flou n’enlève rien à la grandeur de celui qui est vu comme le “père de l’Europe”. Pour cette conférence, l’historienne a choisi d’aller à contre-courant : au départ de la mort de Charlemagne en 814 à Aix, entouré de ses filles – à l’âge de 70 ans environ –, Florence Close remontera le cours du temps pour tenter de reconstruire le fil de sa vie et de réévaluer son ambitieux projet politique. Quel héritage livre-t-il ? En quoi cette période a-t-elle donné une impulsion considérable à la société médiévale européenne ? Quelle image laisse-t-il dans l’historiographie ? « On a tout vu, tout entendu sur Charlemagne. L’idée est de faire le point sur ce que l’on sait, sur ce que l’on dit et sur les clichés à bannir », conclut-elle.
Marie Liégeois
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