Mars 2014 /232

La circulation sur le campus

L’ULg interroge les étudiants

Se rendre facilement à l’Université et circuler aisément d’un campus à l’autre devraient relever de l’évidence. Hélas, au fil des années, les embouteillages se sont multipliés et finissent par pénaliser l’accessibilité au campus, y compris pour les transports en commun. Pour “prendre le taureau par les cornes” et envisager des pistes de remédiation aux multiples problèmes de mobilité, la Commission mobilité et urbanisme de l’ULg (Cemul) a décidé de lancer, fin 2013, une enquête auprès des étudiants afin de mieux connaître leurs modes de déplacement privilégiés ainsi que leurs attentes en matière de mobilité.

Même si l’exploitation des données de cette enquête n’est pas encore complète, les premiers résultats mettent bien en évidence un certain nombre d’enjeux dans le domaine de la mobilité vers et entre les différents sites de l’ULg. Et sans surprise majeure : l’amélioration des transports en commun afin de permettre un meilleur accès au site du Sart-Tilman tient du leitmotiv.

1500 réponses

Circulation1« Nous avons reçu près de 1500 réponses valables, ce qui constitue un bon échantillon quantitatif. Il est aussi qualitatif puisqu’il est très représentatif de la population étudiante, tant en ce qui concerne le domicile et les Facultés que l’âge, par exemple », se félicite Bruno Bianchet, chercheur qualifié au Lepur (centre de recherche sur la ville, le territoire et le milieu rural) en charge du questionnaire et de son dépouillement. L’enquête* a mis notamment mis en évidence la répartition spatiale des étudiants de l’ULg : 30% habitent dans la commune de Liège si on inclut les kotteurs dans l’analyse. Un étudiant-kotteur sur trois loue un logement dans les quartiers Avroy, Angleur et Fragnée. C’est sans doute là qu’il faudrait porter l’essentiel de l’effort en matière de transports en commun car, hélas, « l’enquête montre que, beaucoup d’étudiants, y compris des kotteurs, utilisent une voiture personnelle pour rejoindre le Sart-Tilman. Ce qui constitue un surcoût important pour les familles, constate Bruno Bianchet, et un coût pour l’ULg obligée de pourvoir aux parkings et à leur entretien. » Or, avec une demande potentielle** de pratiquement 4000 véhicules pour les étudiants et 1700 pour le personnel, les capacités de stationnement du campus arrivent aujourd’hui à saturation.

La dissémination des sites universitaires, et typiquement la desserte du Sart-Tilman, est un véritable défi pour les TEC, la société de transports en commun. La majorité de la clientèle n’est présente que 200 jours par an environ, pour des trajets très asymétriques avec des pointes horaires très fortes. En effet, tous les cours commencent à peu près en même temps le matin, ce qui induit une demande très dense vers le Sart-Tilman. L’inverse se produisant en fin de journée. « L’offre de bus ne peut être dimensionnée sur la seule base de ces demandes de pointe, ne serait-ce que pour des raisons économiques, explique le Pr Jacques Teller (département Argenco). Une première solution serait de niveler ce pic de demandes, en étalant les heures de début et de fin des cours, comme cela se fait sur d’autres campus, et en communiquant de façon régulière ces horaires au TEC. »

Circulation2S’il y a certainement des pistes à investiguer du côté du covoiturage ou des parkings de délestage, comme celui aménagé au Country Hall, des décisions intéressantes pour l’ULg et ses étudiants ont d’ores et déjà été prises par les TEC, comme, par exemple, un renforcement des lignes 48 et 58 aux heures de pointe.

Mise en place d’une ligne 148

La Société régionale wallonne du transport (SRWT) mène de son côté une étude pour mettre en place une nouvelle ligne, 148, qui devrait quitter la place Saint-Lambert pour rejoindre les hauteurs, via la place du 20-Août, en passant par les quais de la Dérivation et Angleur. Des problèmes d’aménagement du quai Mativa et d’encombrement au feu rouge de la Médiacité devront toutefois être réglés si l’on entend assurer une liaison rapide et efficace entre le centre-ville et le Sart-Tilman par cet itinéraire. La SRWT s’est engagée, par ailleurs, à aménager les voiries sur le site du Campus afin de rapprocher les arrêts de bus des principaux pôles étudiants. L’ULg entreprend, elle, l’aménagement d’une voie lente sur la partie nord du campus, de manière à rendre plus praticables les liaisons piétonnes entre les bâtiments.

Le Pr Jacques Teller plaide par ailleurs pour la mise en service d’une nouvelle ligne de bus le long de la N63, reliant Marche à la gare des Guillemins en passant par le campus du Sart-Tilman. Il s’agirait d’un “Rapidobus”, un bus à haut niveau de service, proposant un service rapide et des points d’arrêt plus espacés qu’une ligne de bus conventionnelle, sur cette nationale. Les communes concernées avancent de concert avec l’Université sur ce projet, lequel prend place dans le nouveau schéma de développement de l’espace régional.

 

* Une synthèse des résultats complets de l’enquête sera mise en ligne : www.sedeplacer.ulg.ac.be
** Tout le monde n’est pas présent en même temps, d’où la notion de demande potentielle.

La question du tram

« Lors de l’étude d’incidence du projet de tram à Liège, il est clairement apparu que la fonction enseignement, et singulièrement l’ULg, avait peu été prise en considération, fait remarquer Bruno Bianchet. Nous ne remettions pas en cause la qualité de cette étude (ni l’utilité du tram), c’est plutôt le manque d’information relative à son impact sur la desserte des pôles périphériques que nous critiquions. » Forte de son poids démographique, l’Université s’est alors lancée dans une concertation constructive avec la SRWT : une plateforme de contact a été mise en place par la ville de Liège, rassemblant l’ULg, le CHU, les TEC, la SRWT et le Service public de Wallonie. Elle permet à chaque partenaire d’exposer ses projets en matière de mobilité et d’exprimer ses avis dans un esprit de dialogue et de recherche des meilleures solutions en tenant compte, évidemment, des impératifs de chaque acteur. « Les contacts sont réguliers et l’esprit constructif. L’outil remplit pleinement son rôle d’amélioration du service à la communauté », résume le Pr Jacques Teller.

Marc-Henri Bawin
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