Pierre Wolper

Cap sur le futur : une université pour ses étudiants, avec son personnel, ouverte sur le monde

Formation : ingénieur électricien, électronique (1978), doctorat en informatique à Stanford University (1982)

Carrière : quatre ans dans le privé (Bell Labs – Etats-Unis) puis, à l’ULg, chargé de cours (1986) et professeur ordinaire (1989)

Prix : membre de l’Academia Europaea (depuis 2012), membre de la classe “technologie et société” de l’Académie royale de Belgique (depuis 2009), Partis Kannellakis Theory and Practice Award (2005), Gödel Prize (2000), Logic in Computer Science (LICS) Test of Time Award (2006 and 2011), chaire Francqui au titre belge aux FUNDP (1998)

Fonctions à l’ULg : président du conseil des études (1992-2003), président du département d’électricité, électronique et informatique (2001-2009), membre du conseil d’administration depuis 2001, président du conseil de gestion du Segi, conseiller à la recherche (2005-2009) et vice-Recteur à la recherche (2009-2014)

Age : 58 ans

 

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Quelles sont vos grandes priorités pour l’Université ?
L’Université doit être au service de sa région, participer à son essor économique, à son développement culturel et, de façon plus générale, au bien-être de sa population. Atteindre cet objectif repose sur la pleine réalisation de ses trois missions (enseignement, recherche et service à la communauté) qui, loin d’être contradictoires, sont intimement liées.

Pour y arriver, une de mes priorités sera certainement de consolider l’ancrage de l’ULg dans le réseau mondial de la recherche. C’est indispensable pour que l’Université soit un pôle de créativité, d’intelligence et de transmission de la connaissance. Etre présent au niveau mondial est un défi, mais nous avons beaucoup de talents dans notre Institution et des valeurs de rigueur, de liberté et de tolérance qui en favorisent le développement. Aussi, j’entends mieux soutenir la participation des chercheurs aux programmes européens et promouvoir la mobilité : notre programme d’accueil de post-docs étrangers est une réussite à cet égard car il contribue au tissage de nos réseaux internationaux. Notre position internationale est déjà solide et nous progresserons encore grâce à des politiques réfléchies d’orientation de nos activités.

Un mot sur l’enseignement ?
L’enseignement est au coeur de nos activités. Aujourd’hui, ses formes évoluent. Nous sommes au début d’une mutation importante provoquée par l’arrivée massive de cours de qualité accessibles par internet. Il faut dès lors que nous reconsidérions notre rôle car on assiste en quelque sorte à une inversion du modèle classique : désormais les étudiants vont pouvoir suivre le cours chez eux et venir en classe poser des questions, interagir et assimiler la matière. Je considère que nous devrons rapidement être capables de leur proposer des activités qui apportent un “plus”. Cette façon d’appréhender l’enseignement va stimuler les étudiants, va les impliquer davantage dans leur apprentissage. Le défi est d’inventer de nouvelles formes d’encadrement compatibles avec les moyens que nous avons, en n’oubliant surtout pas que la relation et l’interaction sont des ingrédients de l’apprentissage. A nous d’organiser et de stimuler cette interaction.

Cette intrusion des technologies numériques dans notre sphère de compétences donne à réfléchir parce que nous ne sommes pas un cas isolé. L’impact de ces technologies sur la société sera majeur et perturbateur. Ces questions me passionnent et je pense que le rôle de l’Université est aussi de susciter le débat, de lancer la réflexion sur les mutations qui en découleront. Cela fait partie de notre mission de “service à la communauté”.

Et que dire du financement de l’Université ?
L’Université se trouve au coeur de contradictions qui lui sont imposées: elle doit accueillir tous les jeunes qui le souhaitent mais a de moins en moins de moyens financiers pour le faire. Il n’y a dès lors pas de solution miracle : il faut rationaliser nos dépenses (mais notre marge de manoeuvre est limitée) et augmenter nos recettes (mais dans une “enveloppe fermée”, attirer plus d’étudiants ne suffit pas). Je me battrai pour une révision de la loi de financement qui nous sorte de l’absurdité de l’enveloppe fermée : si la démographie est en hausse, il faut des budgets en hausse !

Mais, avant tout, je veillerai à une gestion saine et dans une optique à long terme de nos moyens. Nous devons offrir des perspectives claires à notre personnel et décider des économies à faire sur la base d’un consensus rationnel et transparent auquel tous pourront adhérer. Il est essentiel de prendre nos décisions en intégrant toutes leurs conséquences, dans une vue globale du fonctionnement de l’institution. L’évaluation, quantitative et surtout qualitative, peut aider mais elle ne doit pas remplacer l’élaboration réfléchie de nos objectifs.

Un campus durable, est-ce un objectif pour vous ?
L’environnement est un enjeu important, plus personne ne met cela en doute. Dans cette matière également, l’ULg doit innover et montrer la voie. Un problème crucial que nous avons à gérer est l’accès au site du Sart-Tilman et la mobilité à l’intérieur de celui-ci. Nos étudiants et notre personnel y sont confrontés tous les jours et cette question doit retenir toute notre attention, sans oublier qu’il faut faciliter les échanges et les interactions avec nos campus de Gembloux et d’Arlon.

Quelle place pour les femmes à l’ULg ?
Il y a beaucoup de femmes dans l’administration et, heureusement, on constate une augmentation de leur nombre dans le corps académique. Mais il n’y en a guère parmi les autorités ! C’est dommage pour l’Institution car je suis certain que la diversité des points de vue enrichit la réflexion. Il faut donc les encourager à prendre toute leur place. Si je suis élu, je compte proposer dans mon équipe un poste de vice-Rectrice au Pr Anne-Sophie Nyssen de la faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation. Car équipe, et travail en équipe, il y aura ! Le Recteur, s’il fixe le cap, doit pouvoir déléguer des responsabilités en toute confiance.

Voir le programme complet sur le site www.ulg.ac.be/elections-recteur2014 et sur http://pierre.wolper.be

>>> (Petit) questionnaire de Proust

Quelles sont vos plus grandes qualités ?
La persévérance, le goût du travail bien fait, l’audace.
Quel est votre héros dans la fiction ?
Hamlet (il se pose des questions fondamentales).
Quelle est votre héroïne dans l’histoire ?
Marie Curie.
Quelle serait votre devise ?
“Faire les choses à fond !”

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