Jean WinandPour une excellence solidaire et responsable !
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Formation : licence en philologie classique (1983), licence en philologie orientale (1984), AESS (1983), doctorat en philologie orientale (1989), agrégation de l’enseignement supérieur (2002) Carrière : chercheur qualifié (1994), maître de recherche du FNRS (2002), chargé de cours (2005), professeur ordinaire (2007) Prix : lauréat du concours des bourses de voyage (1984), lauréat de l’Académie royale de Belgique (1985), lauréat du prix des Amis de l’université de Liège (1993), lauréat du prix quinquennal des Alumni de la Fondation universitaire (1998). Fonctions au sein de l’ULg : président du département des sciences de l’Antiquité (2004-2010), président du CUPS (1998-1999), représentant du personnel scientifique au CA (1999-2001), doyen de la faculté de Philosophie et Lettres depuis 2010 Age : 52 ans |
Quelles sont vos grandes priorités pour l’Université ?
En quatre mots-clés : l’enseignement, la recherche, l’équilibre budgétaire et la gouvernance.
L’accent doit être mis sur l’enseignement. L’ULg forme des étudiants et délivre des diplômes. C’est sa mission essentielle. Les Facultés, au coeur de l’Université, sont les mieux placées pour la piloter. Cet enseignement – c’est ce qui fait sa force – est intimement lié à la recherche : les deux activités sont interdépendantes, même si elles évoluent dans des sphères budgétaires distinctes.
Deux défis nous attendent dans un avenir proche. Le premier découle du décret Paysage qui va nous amener à repenser nos relations avec les autres établissements d’enseignement supérieur. Entre opportunités et risques, la voie sera étroite : nous devrons, plus que jamais, convaincre de l’utilité d’une formation en premier cycle à l’Université face à l’offre proposée ailleurs, par exemple dans les Hautes Ecoles. S’il existe parfois des intitulés de cours identiques, les formations ne sont pas interchangeables.
Le second défi est posé par le développement des nouvelles technologies de l’information. Quelques universités prestigieuses – Harvard, Stanford, MIT – se sont lancées dans des cours en ligne. S’il n’existe pas encore de formation complète et diplômante, certaines certifications sont déjà accessibles. Le mouvement prendra de l’ampleur. Il faut donc s’en préoccuper, repenser notre enseignement, analyser la valeur ajoutée d’une heure en présentiel, les implications financières, examiner les conséquences possibles sur notre infrastructure immobilière, etc. Comme lors de l’invention de l’imprimerie, nous allons vivre une révolution ! La relation étudiants-professeurs demeurera – c’est essentiel –, mais de manière modifiée, sans doute plus dense et – pourquoi pas ? – plus intéressante que par le passé.
Un mot sur la recherche et l’équilibre budgétaire ?
La recherche est consubstantielle à l’Université. Il faut viser à l’excellence internationale, ce qui a des conséquences sur notre politique de recrutement et sur notre politique budgétaire.
L’équilibre budgétaire conditionne la bonne santé de l’ensemble. La Fédération Wallonie-Bruxelles doit revoir le financement de l’enseignement supérieur. Cela sera-t-il synonyme de “moyens accrus” ? On peut en douter. Il n’est pas impossible que le “refinancement” doive plutôt être compris comme un financement différent, basé sur un autre mode de calcul, où entreraient par exemple le nombre de diplômés, le nombre de doctorants (ou de docteurs), la production scientifique (qu’il faudrait elle-même évaluer), etc. Nous devons être résolument pro-actifs sur ce dossier.
Tout ceci explique ma devise “Pour une excellence solidaire et responsable !”, laquelle souligne l’ambition de l’ULg (l’excellence dans la recherche et l’enseignement), son rôle social (la solidarité envers tous les jeunes dont le projet est de faire des études universitaires) et son implication dans l’essor de sa région.
Vous évoquez aussi la gouvernance.
Oui. L’édifice repose sur le Recteur, la clef de voûte de l’Institution. Bien sûr, si je suis élu, je travaillerai en équipe, mais le gouvernement de l’Université n’est pas un gouvernement de coalition! Il met en oeuvre la vision de l’Institution d’abord définie par le Recteur. En matière de gouvernance, l’ULg pâtit du fait que la Fédération Wallonie-Bruxelles est son pouvoir subsidiant (au même titre que toutes les universités), mais aussi son pourvoir organisateur. Il manque un groupe de réflexion ayant une position décalée (et donc critique) par rapport aux autorités académiques et pouvant servir de relais vers les endroits où se prennent des décisions à d’autres niveaux (milieux politiques, économiques et sociaux). Dans cet esprit, le CA (et notamment ses membres extérieurs) pourrait avoir une implication accrue.
Un campus durable, est-ce un objectif pour vous ?
En matière de constructions, mais de manière plus large sur les questions éthiques et culturelles, l’ULg a une obligation d’exemple. Que ce soit les bâtiments ou la mobilité, il faut avoir une vision à long terme, en partenariat avec la Ville, intégrant les mutations possibles dans la manière d’enseigner.
Quelle place pour les femmes à l’ULg ?
La place des femmes, notamment dans les postes de décision académiques, n’est pas ce qu’elle devrait être. Cela dit, je ne suis pas favorable à un système de quotas. Je préfère étudier des mesures concrètes pour permettre aux enseignantes et aux chercheuses de s’investir dans l’Université sans devoir complètement sacrifier la vie de famille. Par exemple, les réunions ne devraient pas se prolonger au-delà de 17h (on y gagnerait aussi en efficacité). Des aménagements devraient être envisagés pour faciliter le séjour à l’étranger. On devrait aussi se préoccuper de la garde des tout-petits, selon une approche multi-sites.
Voir le programme complet sur le site www.ulg.ac.be/elections-recteur2014 et sur http://jeanwinandblog.wordpress.com
>> (Petit) questionnaire de Proust
Quelles sont vos plus grandes qualités ?
La franchise (je déteste la langue de bois et le politiquement correct), l’esprit de décision.
Quel est votre héros dans la fiction ?
Un mélange de Swann (Proust), d’Antoine Thibault (Martin du Gard) et de Guillaume de Baskerville (Eco).
Quelle est votre héroïne dans l’histoire ?
Marie Curie.
Quelle serait votre devise ?
“Toujours y croire”.