Avril 2014 /233

Success story

Michaël Labro, étudiant et entrepreneur

Catéchisées par la célèbre pâtisserie parisienne Ladurée pour délaisser un peu la manie des cupcakes, les filles ne jurent maintenant plus que par le sucre, la poudre d’amande et les blancs d’oeuf pour se pâmer devant de petits ronds multicolores. Mais cet engouement pour les macarons n’est pas que féminin. Deux étudiants en médecine l’avaient anticipé il y a trois ans déjà. Ayant toujours aimé confectionner des pâtisseries le dimanche, Michael découvrit les macarons dans un bouquin. Son copain Antoine le poussa à les vendre en faisant du porte à porte. M&A macarons, petite entreprise de fabrication, était lancée !

Et l’histoire se révéla d’autant moins banale que les deux compères étaient également déterminés à poursuivre simultanément leurs études de médecine à l’ULg. Aujourd’hui, la production avoisine 10 000 pièces par semaine, huit employés intérimaires sont occupés et le chiffre d’affaires atteint 130 000 euros. Les partenariats se multiplient, un entrepôt a été investi à Paris et l’objectif est placé à 130 000 pièces par semaine, avec également une unité de production prévue en Floride. Si son compère se désinvestit peu à peu, faute de pouvoir miser sur la scissiparité pour ne pas louper ses études de médecine, Michael Labro, 20 ans, continue, lui, l’aventure. Et cet étudiant de 3e année, qui compte bien exercer un jour comme médecin, pourrait devenir l’un des premiers à bénéficier du statut d’étudiant entrepreneur (une déclinaison de celui des étudiants sportifs) en passe d’être instauré à l’ULg.

LabroMichaelLe 15e jour du mois : Une telle aventure entrepreneuriale n’impose-t-elle pas un choix ?

Michaël Labro : J’ai toujours été passionné par la pâtisserie et la médecine. Mais si je devais abandonner un truc, ce serait les macarons car la médecine m’enthousiasme davantage. C’est une certitude !

Le 15e jour : Cela reste difficile d’imaginer que l’on puisse concilier ces deux occupations…

M.L. : Des amis me soutiennent, mais il y a aussi des jaloux qui imaginent que nous bénéficions de passe-droits ou d’autres qui considèrent que faire les deux est impossible et que c’est juste de la frime. Au départ, les contrôleurs des lois sociales ne croyaient pas que je réalisais la production moi-même, tout en étant étudiant, et ils ont même pensé que je cachais des employés au noir ! J’ai bien cru que j’étais parti pour faire de la prison. Certains professeurs nous soutiennent, mais d’autres ne voient pas cela d’un bon oeil. C’est du full time : je vais aux cours, j’étudie et je travaille 8 heures par jour pour l’entreprise. Je sais, personne ne me croit mais c’est le cas ! Donc, à part quelques moments de détente avec mes amis, je n’ai pas vraiment le temps de me poser pour faire d’autres choses.

Le 15e jour : Tes parents te soutiennent-ils dans cette aventure ?

M.L. : Oui, mais ils sont super anxieux car ils craignent que je loupe mes études. J’ai terminé avec une distinction en 1re année, mais l’an passé ça s’est avéré plus ardu et la deuxième session était inévitable, notamment parce que je n’ai pas le temps d’étudier à Noël lorsque les commandes affluent. Heureusement, je gagnerai dorénavant un peu de temps grâce la nouvelle unité de production que nous allons mettre en place avec un ancien responsable de PME issu du secteur.

Le 15e jour : On parle d’un statut d’étudiant entrepreneur. Cela t’aiderait-il ?

M.L. : Ce serait effectivement utile dans la mesure où il m’arrive régulièrement de devoir rater des travaux pratiques à cause de rendez-vous. Vis-à-vis des professeurs, cela aiderait peut-être aussi à faire reconnaître ce double choix, même s’il n’est pas en rapport direct avec la filière d’études. Mais, plus largement, je trouverais normal que les étudiants entrepreneurs soient dispensés des lois sociales pour pouvoir lancer leur activité. Et pourquoi pas une aide financière ou un prêt pour ceux qui osent créer leur entreprise ? On a débuté en investissant 1000 euros chacun, mais c’est loin d’être évident.

Le 15e jour : L’aventure te permet au moins de ne pas être un étudiant impécunieux…

M.L. : La part de bénéfice que je retire de l’entreprise est sympa. Même si j’habite toujours chez mes parents, cela me permet de payer tout moi-même et de rouler dans un petit cabriolet sympa. Mais j’ai fait le choix de réinvestir la majeure partie des gains dans la croissance de l’entreprise pour acheter de nouvelles machines et préparer de nouveaux supports de communication.

Le 15e jour : Des macarons : l’idée parait tout de même simple. Quelle est votre valeur ajoutée ?

M.L. : Je n’en sais rien (rires). Il nous a quand même fallu deux ans pour mettre au point les recettes. Mais, par rapport à des marques de luxe, nous proposons une qualité semblable, moins chère et des macarons disponibles pour les grossistes. On répond donc à une demande des commerçants. Enfin, on a inventé les macarons personnalisables au logo des entreprises et, récemment, les macarons salés. J’étais sûr que ça allait marcher !

Propos recueillis par Fabrice Terlonge
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