A la marge et sans frontières

Le 14e colloque de l’Association internationale des criminologues de langue française (AICLF) se tiendra à liège du 18 au 20 mai. le thème ? “Criminologies aux marges. Criminologies sans frontières”.

Criminologies aux marges. les marges, ce sont ces nouveaux métiers qui font intervenir les criminologues. les ateliers prévus seront d’ailleurs représentatifs d’une profession englobant un spectre d’activités assez large. « Sur ces deux jours, il y aura une trentaine d’ateliers qui allieront la criminologie dans son sens scientifique, reliée aux sciences sociales et la criminologie dans son sens “grand public” quand elle fait intervenir les sciences dures : chimie, physique, mathématiques. Des praticiens de ces disciplines seront présents », souligne le Pr André Lemaître, chargé de cours à l’institut des sciences humaines et sociales, membre du comité de direction de l’AICLF et président du comité scientifique du col- loque.

Criminologies sans frontières. Cette approche s’appréhende tout d’abord par rapport à la discipline en elle-même. Non figée, elle est ouverte aux évolutions de la société moderne et de l’environnement qui l’entoure : zones riches et pauvres, rurales et urbaines par exemple. il faut aussi s’interroger sur la manière dont on définit la normalité et donc l’anormalité. Ces notions ne peuvent être circonscrites à des frontières définitives. sans frontières, la criminologie l’est aussi, précise André Lemaître, « parce que la discipline connaît un élargissement de ses domaines de recherche, je pense notamment au “data mining” (exploration de données, fouille de données) ». une des interventions de ce colloque portera en particulier sur la police scientifique et la perspective de nouvelles connaissances.

Enfin, au travers de l’AICLF, c’est à la frontière d’une criminologie francophone qu’il faut se référer. Ceci est tout à fait original si l’on considère qu’il s’agit d’un domaine très soumis à l’influence anglo-saxonne. De plus, loin de se limiter aux pays dont la langue de molière est la langue maternelle, l’AICLF est parvenue, selon André lemaître, à « sortir du carré Québec-France-Belgique-Suisse, le noyau dur de l’association ». des colloques ont ainsi pu être organisés au Portugal, en Italie, en Roumanie, au Maroc et même en Turquie. Le prochain accueillera notamment le Pr Raoul Kienge-Kienge de l’université de Kinshasa (RDC) qui interviendra sur le thème de “la justice pénale et la gestion de la violence urbaine des jeunes en contexte de porosité frontalière en Afrique centrale”. Un « geste fort », selon André lemaître qui souligne que ce colloque représentera une « nouvelle et belle opportunité scientifique, une nouvelle occasion de construire de nouveaux projets ».

Ce colloque a lieu tous les deux ans. C’est la troisième fois qu’il est organisé en Belgique et la deuxième fois qu’il l’est à liège. un détail pas si anodin si l’on tient compte de la taille modeste du département de criminologie de l’ULg. « Lequel a cependant su se créer un beau réseau et qui a la chance de bénéficier du soutien du fonds David Constant », confie André lemaître. Hormis ces détails pratiques, la rencontre se présente comme « volontairement très ouverte de façon à offrir une tribune scientifique aux plus jeunes chercheurs ». Ainsi, les ateliers permettront de mélanger le public de jeunes chercheurs avec celui “des vieux routiers”, ce qui explique aussi l’intitulé du colloque. A la marge et sans frontières.