Mai 2014 /234
TypeArt

Son épouse

Un film de Michel Spinosa
Avec Charlotte Gainsbourg, Yvan Attal, Janagi, Laguparant, Mahesh
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

SonEpouse

Entre la France et Madras, les distances qui séparent les êtres souffrent tout à coup d’étranges raccourcis lorsque Gracie, une jeune Tamoule, prend la fuite le jour de ses noces. Prise dans un mouvement qui lui échappe, elle perd connais- sance et, avec elle, l’assurance d’une âme en paix. Le souvenir de son amie française, Catherine, disparue dans des circonstances aussi troubles que son comportement, semble hanter la jeune fille, à peine mariée et aussitôt envoyée parmi d’autres possédés. Lorsque le téléphone sonne en France pour annoncer à Joseph de Rosa la disparition de sa femme, commence un voyage vers un ailleurs confus et bouleversant, vers cette jeune femme tourmentée et, à travers elle, l’esprit de son épouse disparue et tourmentée qu’elle prétend abriter.

Commençant sur les tons hivernaux et froids d’un territoire français qui voit un couple se déchirer et prolongeant les expressions d’un tourment occidental dans la palette claquante des scènes indiennes, Son épouse fait immédia- tement naître un malaise durable et peu curable qui annonce la couleur : le drame sera sombre et l’esprit sera lourd. Pourtant, et malgré la tradition bien française dans laquelle peut s’inscrire le couple Attal-Gainsbourg, le film est une proposition assez unique et déroutante dans le paysage cinématogra- phique national, pas toujours trop sûre dans ses résolutions philosophiques mais qui oublie les appels d’un exotisme de pacotille. Sans qu’on sache tout à fait de quelle épouse il s’agit, de la française disparue à l’indienne perdue dans l’abîme, le film crée des liens inespérés entre les personnes et leurs question- nements ; il lève surtout un voile pudique sur des croyances et pratiques trop souvent interdites au regard occidental.

On appréciera avant tout la délicatesse de la prise de vue, sensuelle et sensible, qui tire tous les partis de l’écran de cinéma. Les plans sous-exposés, dans les zones mal éclairées d’arbres qui cachent la forêt (en Europe) ou en bordure de mer (en Asie), maintiennent permanent le sentiment d’entre-deux toujours douloureux : l’hésitation demeure, même si on se laissera finalement moins aller à l’idée d’une possible possession que le veuf qui tend, lui, à s’y laisser prendre (pour sans doute un peu mieux finir dépossédé de sa propre culpabilité).

Si le propos est pesant, le poids de la caméra qui le filme se fait oublier, pla- nant à hauteur d’homme avec la légèreté des grands esprits. Malgré tout, Michel Spinosa ne parvient pas à éviter certaines lourdeurs épargnées ailleurs : la musique parfois trop emphatique ne parvient pas à se faire oublier aux moments les plus opportuns et fait patiner un montage souffrant parfois de longueurs. Et ressurgit alors la hantise passagère de travers mélodramatiques trop vus ailleurs.

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18, le mercredi 21 mai de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : comment sont appelés dans cette région de l’Inde les mauvais esprits de ce genre ?

Renaud Grigoletto
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