Mai 2014 /234

Se battre pour un refinancement

Manifestation des étudiants, le 2 avril dernier

Manif1Les organisations représentatives des étudiants et élèves, à savoir la FEF et son homologue néerlandophone la VVS, ainsi que le CEF, organisaient une grande manifestation nationale le 2 avril, pour un refinancement de l’enseignement en Belgique ainsi que pour un enseignement de qualité pour tous. lesdites revendications ayant valeur de truisme, il n’est donc pas étonnant que se soient greffés au mouvement une pluralité d’entités politiques ou syndicales : CSC, FGTB, Comac, GTB, etc.

Plus d’étudiants, moins de budget

Initialement prévu à Bruxelles, le grand rassemblement n’a finalement pas été autorisé en raison de la concomitance avec le sommet Europe-Afrique et a, en fin de compte, été disséminé à Louvain-la-neuve, Namur, Liège et Gand, en plus d’un rassemblement résiduel dans la capitale. « Il y a de plus en plus d’étudiants et le budget alloué à l’enseignement supérieur ne suit pas », résumaient les représentants des étudiants, dont nicolas lemoine, président de la Fédé. derrière les slogans scandés tels que “étudiants pas contents, on veut un refinancement !“, les revendications tenaient en trois points lapidaires.

Premièrement, un refinancement public de l’enseignement supérieur. Deuxièmement, la préservation d’un taux d’encadrement élevé. Et, troisièmement, attirer l’attention sur les inégalités de l’enseignement secondaire et leurs conséquences à l’entrée dans le supérieur, inégalités qui mettent à mal le principe de la démocratisation des études en Belgique. Un problème plus spécifique, porté par la Fédé, était celui des mesures préconisées par l’ulg dans le cadre d’un plan de stabilisation impliquant une diminution du nombre de membres du corps scientifique, du personnel administratif, technique et ouvrier mais également du corps académique. Ceci à travers des non-renouvellements et des limitations du nombre de chercheurs. « Ce plan risque d’entraîner une diminution à la fois de la qualité de l’encadrement offert aux étudiants et de la recherche. Cela, alors que le gouvernement et les politiques prônent une société dont le développement passe aussi par la connaissance », regrette Nicolas Lemoine.

A Liège, deux bonnes centaines d’étudiants avaient entamé le cortège au départ de la place Saint-Paul. Le premier vice-recteur Albert Corhay avait également rejoint la déambulation, flanqué de son appareil photo hybride. « Si l’on bénéficiait d’un refinancement, le plan de stabilisation ne s’imposerait pas. Nous avons plus d’étudiants et moins d’argent », résumait-il avant d’immortaliser le départ de la manif bruyante, au-dessus de laquelle flottaient des drapeaux multicolores, dont un frappé du marteau et de la faucille.

Manif2Dans un mémorandum, le recteur Bernard Rentier, président du Conseil des recteurs des universités francophones (Cref), dénonçait récemment le “définancement” des universités francophones et soulignait que « malgré les récentes réformes entreprises par la Fédération Wallonie-Bruxelles, les universités vont avoir du mal à remplir leurs missions d’enseignement, de recherche et de service à la société ».

L’enveloppe fermée est en question. Difficile, en effet, d’assumer 16% de “définancement” face à 37% d’augmentation des étudiants ! Selon Bernard Rentier, une solution, complémentaire parmi d’autres, serait de défiscaliser les rémunérations. Le précompte des chercheurs est déjà défiscalisé et cela marche, selon lui, même s’il préconise que le taux de dispense actuel de 80% soit porté à 100%.

Investir dans l’éducation

Outre leurs missions “classiques”, les universités sont aujourd’hui confrontées à de nouveaux défis considérables : massification de l’accès à l’enseignement supérieur (qui entraîne notamment la nécessité de politiques proactives d’aide à la réussite et de soutien aux étudiants), concurrence croissante pour attirer et garder les meilleurs talents dans l’espace dit “de Bologne”, émergence de nouveaux besoins (l’internationalisation de l’enseignement et de la recherche, les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie, le soutien à l’innovation et à la création d’activités économiques et sociales, etc.). « Il faut insister sur le fait que l’éducation est un investissement et favoriser la réussite du premier coup, de manière à ce que le coût de l’échec ne pèse pas financièrement sur la société », ajoute Albert Corhay.

Intriguée par le rassemblement, une grappe d’étudiantes de la Haute ecole de la ville de liège située à quelques mètres du départ de la manifestation se mit à aborder l’un des leaders. Un peu crâneur, ce dernier expliqua sans se faire prier le principe d’une coupe budgétaire. « Chez nous, les plafonds fuient, on a des souris dans les classes et des fenêtres qui se cassent quand on les ouvre », embrayèrent directement les filles, avant de lui demander d’envoyer un e-mail à la direction de leur école pour justifier leur envie de participer à cette manifestation inopinée.

Fabrice Terlonge
Photos © Albert Corhay
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