Octobre 2014 /237

Du sport dès l’enfance

Un congrès à l’occasion des 25 ans du Cereki

EnfantSportif1”Un esprit sain dans un corps sain”, l’adage est populaire. Sait-onq u’il est valable dès la petite enfance ? « Même si la motricité doit être stimulée dès la naissance, la période-clé pour donner le goût du sport se situe entre 3 et 9 ans, à l’âge où les enfants commencent à participer à des activités physiques organisées. C’est à ce moment que les bases d’une pratique sportive à long terme peuvent se construire », explique Boris Jidovtseff, chargé de cours au département des sciences de la motricité (faculté de Médecine), responsable académique du Centre d’étude en recherche et en kinoanthropologie (Cereki) spécialisé dans l’éducation motrice des enfants de maternelle. Pour fêter les 25 ans du centre, un congrès international aura lieu les 17 et 18 octobre prochains à l’ULg. L’occasion d’évoquer un thème qui risque, dans les années à venir, de se muer en un enjeu de société majeur.

Pour Boris Jidovtseff, les effets bénéfiques du sport ne font aucun doute. L’activité physique a un impact direct sur la santé et sur le bien-être de l’enfant. « L’activité motrice a une influence positive sur le développement global et cognitif de l’enfant, affirme-t-il. Son comportement repose sur l’équilibre entre les domaines affectifs, cognitifs et moteurs. C’est ce qu’on appelle d’ailleurs le “domaine psychomoteur”. En agissant sur une composante, il est possible, par effet domino, de toucher les autres car il existe un lien étroit entre développement moteur et développement cognitif, des études ont relevé qu’une activité motrice adaptée avait un impact bénéfique sur certains apprentissages scolaires, mais aussi sur l’orientation dans l’espace. »

Bien dans sa peau

EnfantSportif2Pour être bénéfique, la pratique sportive doit être adaptée à l’âge de l’enfant et favoriser une base motrice la plus diversifiée possible. « Une hyper-spécialisation précoce a des effets négatifs, précise le chercheur. Si les performances maximales surviennent tôt, elles finissent par stagner, ce qui peut décourager et inciter à l’abandon. Par ailleurs, nous constatons aussi un risque plus important de blessures dans ce cas de figure. » L’amusement doit rester le moteur essentiel pour les enfants : à la compétition, il faut de loin préférer la participation. « Les modèles de compétition pour les petits sont trop souvent inspirés du monde adulte, continue Boris Jidovtseff. Certains parents ou coaches, séduits par les performances de leurs rejetons, sont parfois atteints de “championnite”. Ils proposent des entraînements excessifs et mettent sur les épaules des enfants une pression psychologique qui peut provoquer des dégâts irréversibles. » Et le responsable du Cereki de recommander un volume d’activités physiques qui tienne compte des caractéristique biologiques et psycho-affectives des enfants, comme le préconisent du reste plusieurs chercheurs canadiens spécialistes du sport à long terme.

Si l’apprentissage du sport est indispensable à l’épanouissement de l’enfant, il est aussi recommandé à tout âge ! Et pourtant, à l’heure actuelle, cette éducation physique est loin d’être acquise. Dans les pays occidentaux, la prévalence de l’obésité augmente avec une conséquence effarante : l’espérance de vie (en bonne santé) diminue ! A cet égard, la sédentarisation constitue un véritable fléau. « Cela devient un vrai problème de santé publique, s’inquiète Boris Jidovtseff. Paradoxalement, notre société organise davantage d’activités sportives mais permet beaucoup moins d’activités libres et spontanées, comme la marche ou le vélo. De plus, notre modèle scolaire oblige l’enfant à rester très – trop – longtemps sans bouger. Il existe pourtant toute une série d’aménagements simples et peu coûteux pour favoriser l’activité physique. Le cours d’éducation physique n’est qu’une partie de l’iceberg. »

Un congrès ouvert à tous

Le congrès international organisé par le Cereki abordera manifestement un sujet complexe, aux enjeux cruciaux. En questionnant l’importance de l’activité physique chez l’enfant – du nourrisson aux pré-ados –, en abordant les facteurs favorables au sport ainsi que les exercices adaptés en fonction de l’âge, dans une perspective de pratique à long terme, il a l’ambition d’intéresser un maximum de chercheurs et de praticiens tout en les incitant à la réflexion et à l’action. C’est pourquoi il sera accessible à tous, particulièrement à tous ceux qui s’investissent dans le monde sportif. « C’est une opportunité unique de rencontrer des experts internationaux et de pouvoir échanger, partager des expériences et des pratiques et faire naître des idées nouvelles », insiste Boris Jidovtseff. Qui nourrit l’espoir d’attirer l’attention des autorités publiques. Car si une éducation sportive adaptée doit être l’objectif des parents, des enseignants, du corps médical, des clubs et des fédérations sportives, elle dépend également de choix politiques.

 

Congrès international sur l’activité physique et le sport chez l’enfant

Les 17 et 18 octobre, à la salle académique, place du 20-Août 7, 4000 Liège.

Les communications du colloque seront publiées dans la revue Science&Sport. Parallèlement au congrès, le Cereki organise les “Kids in move days” qui mettront en avant les actions pertinentes et adaptées au monde de l’enfance.
Programme complet et informations sur le site www.ciapse2014.com

Contacts : tél. 04.366.38.94, courriel b.jidovtseff@ulg.ac.be

 

Martha Regueiro
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