Octobre 2014 /237
TypeArt

Caricaturistes, fantassins de la démocratie

CaricaturistesUn film de Stéphanie Valloatto
Avec Plantu, Michel Kichka, Nadia Khiari, etc.
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

Vérifiant l’adage que la plume a plus de pouvoir que l’épée, les caricaturistes défendent, en prenant parfois de grands risques, une liberté d’expression souvent bafouée, offrant un regard ironique et mordant sur le monde qui les entoure et qui suscite constamment un mélange de rire et d’irritation. Stéphanie Valloatto a parcouru la planète pour rencontrer 12 d’entre eux, célèbres ou non, travaillant parfois dans des régimes démocratiques, souvent sous un régime de terreur. Les incidents liés aux publications en 2005 de caricatures de Mahomet dans un journal danois puis, par Charlie Hebdo (dont les bureaux ont été incendiés) sont, quant à eux, restés dans les mémoires. L’ULg n’avait pas manqué de le souligner, l’an dernier, en remettant les insignes de docteur honoris causa à Plantu et Kroll, notamment.

C’est aussi la thèse que défend, avec force et simplicité, la réalisatrice. Si la recette d’un bon documentaire est avant tout un personnage fort, Caricaturistes, fantassins de la démocratie est du pain béni, offrant 12 personnalités atypiques, aussi dissemblables que réunies par l’objectif commun de s’exprimer envers et contre tout. Bien qu’il ressemble parfois à un reportage plus qu’à un documentaire en usant et abusant de l’interview face caméra et du plan d’illustration, le film vaut moins comme un tout que comme un assemblage de séquences fortes, mélange de rires (la nonchalance de Plantu, les dessins eux-mêmes) et de drames (comme ces caricaturistes contraints de faire le taxi de nuit pour vivre ou, pire, celui à qui l’on a brisé les doigts en guise de représailles).

Les puristes regretteront peut-être un manque de cohérence dans la structure du film, une mosaïque parfois trop superficielle alors que se dessinent, en filigrane, des sujets et des thèmes qui fâchent ou qui interrogent (la pression économique dans les grands groupes de médias, par exemple). L’influence du producteur Radu Mihaileanu (réalisateur du Concert) se ressent : utilisation un peu excessive de l’émotion et de la musique qui souligne lourdement les images (l’un des derniers plans se situe au Mur des lamentations). Mais qu’importe : le film force le respect car, s’il ne marquera pas l’histoire du genre, il protège à sa manière ses sujets.

En mettant dans la lumière ces artistes de l’ombre, en donnant la parole à ceux qui s’expriment par l’image, Stéphanie Valloatto rejoint leur cause et leur assure, médiatiquement en tout cas, une certaine sécurité au sein des pays où ils résident. La garantie qu’il existera toujours quelqu’un quelque part pour rappeler que, certes, le monde va mal, mais que l’on peut en rire et, surtout, le dénoncer !

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mecredi 15 octobre entre 10 et 10h30, et de répondre à la question suivante : quelle caricaturiste présente dans le film a reçu les insignes de docteur honoris causa de l’ULg en 2013 ?

Bastien Martin
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