Octobre 2014 /237

En piste

Titris, étudiant artiste

TitrisLe ghetto-blaster est au breakdance ce que la barbe est à nos recteurs. C’est donc une version modernisée du radiocassette des années 80, caractérisé par sa taille démesurée et une conséquente puissance de son, qui crache du funk, du rap et de l’électro des années 90 sur le carrelage vintage de la gare du Palais pendant que Tristan Zinck (alias Titris) brasse des mouvements acrobatiques avec son groupe d’amis. « Titris est mon nom de scène. J’avais à peine 12 ans lorsque j’ai commencé le breakdance, j’étais le plus petit de la bande. Alors les autres m’ont d’abord surnommé petit Tris avant que cela n’évolue avec l’usage. »

Cet étudiant de 2e bac en science politique, qui bénéficie du statut d’artiste à l’ULg depuis le début de ses études universitaires, fait partie du top 3 de la discipline en Belgique. Il va participer avec son groupe – les PriZon Break RockerZ – au concours international organisé à la caserne Fonck le 1er novembre prochain, en présence du gratin mondial de la breakdance venu s’affronter dans des “battles”. Le principe de la compétition : échanger des mouvements de sa composition, à tour de rôle, face à un ou des adversaires, dans une ambiance musicale et amicale où le perdant ne va pas jusqu’à passer sous les fourches caudines. On se mesure, avec ou sans arbitres, tout en cherchant à gagner les faveurs du public. « C’est encore un peu sauvage comme discipline mais ça reste de la danse influencée par la gym, la capoeira, la boxe, les arts martiaux, la samba, la salsa et même un peu de house, enchaîne Tristan. Dans un esprit sportif qui laisse aussi la possibilité de s’exprimer artistiquement, en liberté. »

Champion de Belgique en 2013, finaliste en 2014 et deuxième du Benelux avec son groupe, il aurait donc quasiment autant pu prétendre au statut d’étudiant sportif qu’à celui d’étudiant artiste. Mais, dans les deux cas, il aurait bénéficié des mêmes avantages : être plus relax en cas de cours obligatoire concomitant avec une répétition ou pouvoir postposer un examen planifié le jour d’une compétition ou d’une représentation. « L’unif met aussi à ma disposition des salles de cours ou des halls sportifs libres pour m’entraîner. On galère toujours pour trouver des lieux dans le milieu, quand on ne se retrouve pas dans notre habituel hall de gare. Il y a aussi l’accès gratuit aux soins de santé dans les infrastructures du CHU. C’est confortable pour moi de savoir ça ! »

Révéré par ses amis “breakers”, Titris joue davantage la carte de la modestie que celle de la tchatche. Son physique, pour n’être pas impressionnant en masse musculaire, révèle une agilité et un contrôle corporel augmentés d’une très bonne technique. Dans le bruit des annonces de gare, il file d’ailleurs prendre son train pour aller donner son cours de danse dans une école verviétoise. Car si les compétions lui permettent de voyager gratuitement en avion un peu partout dans le monde, les cachets afférents sont généralement assez maigres. Alors il s’agit d’assurer à la fois le court et le long termes : en travaillant et en étudiant. Tout en marnant pour progresser en constance dans cette discipline où les jambes se disputent l’espace généralement réservé aux bras.

 

Texte et photos : Fabrice Terlonge
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