Novembre 2014 /238

Autour de Daniel Giovannangeli

“Phénoménologies” a dix ans

DerridaJ-GiovannangeliIl y a des hommes qui préfèrent jeter des ponts plutôt qu’alimenter des confrontations stériles, favoriser des rencontres entre les personnes et entre les pensées. Le Pr Daniel Giovannangeli, honoraire depuis 2009, fait manifestement partie de cette catégorie.

Comment faire tenir ensemble structuralisme et phénoménologie ? Lévi-Strauss, Foucault et Sartre ? Autrement dit, La pensée sauvage, Les mots et les choses et L’être et le néant ? Arpenter ces oeuvres majeures du XXe siècle ne s’est pas fait sans déchirement. « Le Pr Giovannangeli n’a cessé de relire l’un avec l’autre Sartre et Derrida, en les mesurant aux grandes philosophies allemandes contemporaines – Hegel, Husserl et Heidegger », rappelle Grégory Cormann, chef de travaux au département de philosophie. C’est d’ailleurs à Derrida et à sa philosophie de la déconstruction qu’il consacre sa thèse en 1974, une première à l’époque.

Depuis, attentif à la lecture rigoureuse des textes et à leur transmission, loin de la figure de l’intellectuel péremptoire, Daniel Giovannangeli a dispensé différents enseignements au sein de notre Alma mater – histoire de la philosophie, esthétique, métaphysique, philosophie des sciences sociales –, contribuant à y révolutionner en profondeur l’approche de la phénoménologie, à savoir la méthode qui s’emploie à décrire sans préjugé ce qui se présente à notre connaissance.

Aujourd’hui, l’unité de recherche Phénoménologies qu’il a fondée il y a dix ans est dirigée par Denis Seron, maître de recherche au FNRS. Une quarantaine de colloques et de journées d’étude sont à l’actif de l’équipe, composée de près de vingt chercheurs. Elle se rassemble dans un séminaire, organisé chaque printemps, qui constitue le temps fort de l’année : ouvert aux doctorants, on y croise aussi les meilleurs spécialistes de la phénoménologie. « Notre équipe travaille sur des sujets très divers, confie Denis Seron, sur Husserl, qui a fondé le mouvement, mais aussi sur ses sources au XIXe siècle ou sur ses développements en France avec Sartre et Ricoeur. Depuis 2005, l’unité dispose d’une revue – le Bulletin d’analyse phénoménologique – qui contient plus d’une centaine de textes, y compris de très jeunes chercheurs. »

Ce dynamisme est certainement à mettre au crédit de Daniel Giovannangeli à qui ses proches collaborateurs rendent hommage en publiant les actes du colloque qui s’est tenu à l’ULg en 2008. À sa manière, cet ouvrage salue la tension qui parcourt ses écrits : penser l’homme aujourd’hui sur la base des grands textes de la pensée moderne et d’une description patiente des différentes manières pour lui de se rapporter au monde et à autrui.

* G. Cormann et O. Feron (dir.), Questions anthropologiques et phénoménologie. Autour du travail de Daniel Giovannangeli, Bruxelles, Ousia, 2014.

Hommage au Pr Daniel Giovannangeli

Le mercredi 12 novembre à 18h, au département de philosophie, place du 20-Août, 4000 Liège.

 

Henri Deleersnijder
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