Décembre 2014 /239

Bouger plus !

Convaincre les seniors des bienfaits du sport

Quel que soit l’âge du pratiquant, de plus en plus d’études démontrent que l’exercice physique a une incidence positive sur la santé. « Or, les seniors, c’est-à-dire les personnes d’au moins 50 ans pour ce qui concerne ma recherche, sont ceux qui bougent le moins, remarque Alexandre Mouton, assistant au département des sciences de la motricité en faculté de Médecine*, alors qu’on sait que la pratique d’une activité physique régulière est bénéfique à plus d’un titre puisqu’elle réduit l’incidence de différents risques sanitaires, comme les pathologies cardio-vasculaires, le diabète de type 2, l’ostéoporose ou encore les cancers du sein et du côlon. Même si la pratique d’activité physique est initiée à cet âge, les bénéfices de santé sont non négligeables. »

Force et équilibre

BougerPlusCe constat est à l’origine du projet “Bouger Plus” sur le territoire d’Esneux. « Le choix de cette commune a été motivé par sa proximité avec l’Université, parce qu’elle réunit bon nombre des critères socio-économiques utiles à la recherche et qu’une première analyse a montré que les seniors y représentent la population la moins active physiquement. » Autre observation : parallèlement à l’augmentation de l’espérance de vie (30 ans en un siècle !), les coûts en soins de santé explosent. « Une partie de ceux-ci pourraient être compensés par la pratique d’une activité physique suffisante au sein de cette tranche de la population, poursuit le chercheur. Cela favoriserait une certaine compression de la morbidité, en retardant les incapacités et la dépendance du senior. S’ensuivront une diminution des dépenses de santé publique. »

“Bouger Plus” repose donc sur une démarche scientifique. « On ne se trouve pas face à un “simple” cours de gymnastique. » Depuis 2010 maintenant, un cours collectif encadré par des spécialistes en sciences de la motricité est organisé en deux sessions : l’une se donne au printemps et l’autre en automne. « On y travaille l’endurance, la force, l’équilibre et la souplesse car chacune de ces composantes a un impact sur la santé. Par exemple, le travail de la force contribue à prévenir la sarcopénie et à préserver le capital osseux », détaille Alexandre Mouton. Bien entendu, le contenu du cours est adapté aux sexagénaires fraîchement retraités (la moyenne d’âge varie entre 60 et 65 ans) aux capacités fonctionnelles variées. En outre, en début de cycle, une évaluation du participant est effectuée et, au terme de celui-ci, un bulletin est décerné qui fait état de sa progression. « Tout est mis en place pour favoriser la motivation et une certaine convivialité. »

Dans le même temps, le chercheur a instauré un site internet. « L’enjeu est double : d’abord familiariser les seniors parfois peu portés sur l’informatique et ensuite leur donner une série d’informations et de conseils pratiques en rapport avec le cours. » Le site reprend les recommandations et conseils liés à l’activité physique, les exercices réalisés lors des séances collectives qui peuvent être effectués quotidiennement et, enfin, une liste d’opportunités de pratique sur le territoire de la commune, comme les sentiers cyclistes du Ravel, les chemins de randonnée ainsi que les coordonnées des clubs sportifs locaux.

Extension

Aujourd’hui, “Bouger Plus” prend de l’ampleur. Si, à l’origine, deux groupes de 20 personnes avaient été constitués à Esneux, depuis l’année dernière, un troisième s’est ajouté à Tilff. D’autres expériences similaires sont menées, notamment avec les plus jeunes. « Sachant que ces derniers sont en phase de développement des conditions physiques et les seniors dans le maintien de ces conditions, nous avons mis en place une activité intergénérationnelle à l’Athénée d’Esneux avec des enfants de 3e maternelle », poursuit Alexandre Mouton. Les seniors retournent à l’école primaire… et y effectuent les exercices adaptés aux deux publics, soit collectivement, soit par binômes.

Enfin, une déclinaison de “Bouger Plus” avec les maisons de repos a également vu le jour. « Une activité a maintenant lieu à Embourg, à proximité d’une école, se réjouit Alexandre Mouton. Reste à promouvoir l’initiative à d’autres communes de la région. »


* Il vient de soutenir sa thèse intitulée “Promotion de l’activité physique chez les seniors. Approche au sein d’une communauté locale”.

“Bouger Plus” a reçu le prix de l’éthique du fair-play lors de la cérémonie du mérite sportif esneutois en 2013.
Informations sur le site www.bougerplus.be

Pierre Demoitié
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