Décembre 2014 /239
18 mars 1839Les plans du Jardin botanique sont signés
« On peut dire que toute l’histoire de la botanique à l’ULg est résumée ici depuis le début du XIXe siècle. » Président de la Maison liégeoise de l’environnement, Philippe Destinay botaniste de formation, est un peu la mémoire vivante des serres du Jardin botanique qui, depuis leur création jusqu’à leur rétrocession à la Région wallonne en 2014, ont participé à la renommée de l’Alma mater. « Beaucoup d’étudiants et de chercheurs sont venus y travailler, de nombreuses études et recherches y ont été menées, mais le grand public ignore, je pense, l’apport des serres à la communauté scientifique. »
Première fécondation de la vanilleEntre-temps, les recherches se poursuivent et, très vite, une découverte va placer l’Institut de botanique sur la carte scientifique. A l’époque, même si l’essor industriel est déjà bien amorcé, on ne parle pas encore de mondialisation et de nombreuses denrées restent rares, comme la vanille, épice la plus chère au monde après le safran. Fruit d’une espèce d’orchidée originaire du Mexique, son mode de reproduction est complexe et demeure mystérieux, jusqu’en 1836. « Charles Morren devient le premier botaniste au monde à réaliser une fécondation artificielle de la vanille, qui d’ordinaire ne pouvait se faire sans le concours d’une espèce d’abeille bien précise, inconnue de nos latitudes », signale Philippe Destinay. Le procédé se répand rapidement et permet ainsi la production en dehors des frontières mexicaines. Depuis cette date, la vanille se cultive toujours dans les serres du Jardin botanique de Liège où elle est encore fécondée manuellement ! « On a même conservé un petit flacon en verre, contenant deux capsules de la première récolte effectuée par Charles Morren en 1837 », révèle Philippe Destinay. Au fil des ans, les locaux s’agrandissent et les serres accueillent de plus en plus d’étudiants. En plus des botanistes, le site accueille l’Institut de pharmacie qui occupa les lieux pendant plus d’un siècle. Toute une vie s’organise autour du jardin, dont la collection de plantes s’enrichit chaque année et dont les installations s’améliorent, au gré de moyens financiers (déjà) aléatoires. Près de 7600 spécimens, représentant plus de 2300 espèces sont alors conservés par l’Université. Relativement épargné durant la Première Guerre mondiale, le jardin n’échappe cependant pas aux nombreux dégâts subis par la ville lors du second conflit. Alors que la bataille fait rage en Ardenne, une bombe volante explose au coin des rues de Sluse et Morren le soir de Noël 1944. Le souffle, d’une rare puissance, fait voler en éclats les deux grandes rotondes de 17m de hauteur ainsi que les serres annexes. Le bâtiment est meurtri et le froid de l’hiver s’avère fatal pour plus de 150 espèces rares. « Les pertes auraient encore pu être plus importantes si le personnel n’avait pas rapidement réagi et transporté ce qui pouvait l’être dans différentes salles chauffées, comme les auditoires notamment. Mais les serres détruites n’ont jamais pu être reconstruites », regrette Philippe Destinay. La surface utile se réduit alors de moitié (780 m²). L’âge d’or du site est révolu.
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