Février 2015 /241

Saint-Papy

Nostalgie quand tu nous tiens…

« 200 participants confirmés, neuf heures après l’annonce de l’événement : check. Les papys et mamys de la guindaille liégeoise sont encore bien verts à ce que je vois... », se félicitait Quentin le Bussy, commentant l’événement qu’il venait de soumettre, sur internet, à une flopée d’anciens étudiants qui, depuis parfois plus de dix ans (voire 20), ne se sont toujours pas départis de leur penne et de leurs guenilles auxiliaires sentant bon le chapiteau malodorant. « Il y a toujours quelque chose en nous que l’âge ne mûrit pas », écrivait Bossuet.

SaintPapysEn ce qui concerne les participants à la Saint-Papy, qui s’inscrit un peu singulièrement dans la calendrier des Saints (Saint-Philo, Saint-Hippocrate, Saint-Drum’s, Seins-Psycho [sic]…) programmés par l’Association générale des étudiants liégeois sous le chapiteau du Val-Benoit, à la charnière des mois de février et de mars, l’on ne peut pas parler de statu quo social. Ils sont enseignants, médecins ou cadres supérieurs, ont créé une famille, mais se réjouissent à l’idée d’aller enchaîner les a-fonds, le soir du samedi 28 février, pour redonner un peu de réalité aux souvenirs de leurs guindailles estudiantines. « Ce côté incongru fait fortement marrer les plus jeunes, assure Quentin, président de l’Agel en 2002, qui est donc l’un des organisateurs de cette année. C’est un collectif d’anciens présidents qui est en réalité à la manoeuvre. Il y a une dizaine d’années, Philippe Trinon avait organisé les deux premières éditions de la Saint-Papy sans grand retentissement. En 2012, nous l’avions relancée avec Xavier Claessens et des administrateurs de la MEL, l’ASBL dont le but est de fournir aux étudiants des lieux de guindaille. »
Lors des deux éditions précédentes, plus ou moins 400 personnes y avaient pris part, ce qui est bien moins que les autres “Saints” qui attirent un millier de participants. Et Quentin de préciser : « Cela reste convivial. Si l’on doit quelquefois montrer les dents, avec humour, pour signaler que ce rendez-vous est interdit aux jeunes, certains groupes d’étudiants méritants sont invités à y participer, qui se chargent également de changer les fûts, de débiter les bières et de ranger à la fin de l’événement. Ils sont étonnés de voir qu’aucune barrière n’est installée et que les bars n’existent pas vraiment chez nous de manière formelle. » Et, côté musique, ils ne sont pas complètement dépaysés par rapport aux soirées axées sur les années 90 qui ont actuellement le vent en poupe dans certaines salles branchées de Liège.
Si ces retrouvailles entre Alumni d’un genre particulier font le bonheur des chauffeurs de taxis qui, aux petites heures, chargent en continu les papys incapables de reprendre le volant, il se pourrait également que la position pécunieuse de ces éternels étudiants s’avère particulièrement intéressante lorsqu’il s’agira éventuellement de récolter un peu d’argent pour financer et faire tourner une salle de guindailles. Car, théoriquement, le site actuel du Val-Benoît ne pourra plus accueillir le chapiteau après le 31 mars. Une stratégie des vieux pour s’assurer la sympathie des gamins ? On verra lorsqu’il s’agira de cracher au bassinet, plutôt que sur le plancher glissant du… “chapital”.

Fabrice Terlonge
Photo : Anne Charlier
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