Mars 2015 /242
Les intelligences citoyennesLes intelligences citoyennes
Licenciée en philologie romane en 1972 et en information et arts de diffusion deux ans plus tard, Majo Hansotte – qui fit partie de la première promotion de la “8e section” – s’est d’emblée tournée vers l’enseignement et y a fait carrière de 1972 à 2002. Avec quelques infidélités cependant. Le 15e jour du mois : Pourquoi une thèse ? Majo Hansotte : Au début de ma pratique dans les maisons de jeunes, je me suis vite rendu compte que si les décrets concernant l’éducation permanente – l’éducation non-formelle – s’appuyaient sur la notion de citoyenneté, les jeunes, eux, n’en avaient cure ! J’ai ressenti alors le besoin de clarifier la notion en articulant théorie et pratique de terrain. Le 15e jour : Qu’est-ce que l’éducation populaire ? M.H. : En Belgique, l’éducation populaire est ancienne. Elle trouve ses origines au XIXe siècle, dans l’engagement social de l’Eglise catholique et dans les mouvements sociaux d’inspiration socialiste. Son domaine d’action est très large puisqu’il regroupe pêle-mêle les associations d’éducation permanente, les mouvements des femmes, les multiples collectifs gravitant autour des syndicats, les structures d’alphabétisation, les maisons de jeunes… Le 15e jour : Que sont les “intelligences citoyennes” ? M.H. : En étudiant les mouvements sociaux depuis la fin du XVIIIe siècle, j’ai identifié quatre registres de parole porteurs d’actions collectives au sein d’un espace public local et mondial, lequel représente une dimension essentielle de la vie. C’est ce que j’ai appelé dans ma thèse les quatre “intelligences citoyennes” qu’il s’agit de valoriser afin de revivifier l’espace public : l’intelligence narrative (raconter et témoigner en faveur du juste), l’intelligence déconstructive (débusquer l’arbitraire), l’intelligence argumentative (délibérer pour définir ce qui serait juste) et l’intelligence prescriptive (revendiquer plus de justice). Ces quatre intelligences interactives constituent, selon moi, les composantes de l’action collective sociale et politique. Le 15e jour : L’hypothèse est-elle féconde ? M.H. : Très ! A deux niveaux. L’espace public comporte une dimension horizontale de transformations réciproques, d’évolution des mentalités. Et une dimension verticale et conflictuelle de contre-pouvoir, de revendications politiques. Je pense notamment aux avancées du féminisme au Burkina Faso et, en Europe, à une meilleure prise en compte de la santé mentale, qui a conduit à la psychiatrie en milieu ouvert.
Propos recueillis par Patricia Janssens
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