Mai 2015 /244

Savoirs et pratiques d’hier

La médecine au pays de Liège

La Société française d’histoire de la médecine (SFHM) et le Centre d’histoire des sciences et des techniques (CHST) de l’ULg organisent les vendredi 22 et samedi 23 maideux journées d’étude consacrées à la médecine au pays de Liège.

MedecineLiege« Avec Theodore Schwann, Liège a été à la pointe de la recherche en médecine dès le XIXe siècle », annonce Geneviève Xhayet, directrice du CHST et organisatrice de ce colloque qui, fait exceptionnel, déborde des frontières françaises. Le physiologiste allemand Theodore Schwann, qui fut professeur à l’université de Liège et dont on peut voir aujourd’hui la statue sur l’escalier de l’Institut de zoologie aux côtés d’Édouard Van Beneden, est à l’origine de la théorie cellulaire (la cellule comme unité de base du règne végétal et animal). En hommage et référence aux grandes heures de la recherche liégeoise, ces journées d’étude se tiendront d’ailleurs dans l’amphithéâtre de l’Institut Léon Fredericq, l’ancien Institut de physiologie situé place Delcour.

Photo : La cueillette du raisin - détail du Tacuinum sanitatis.
© ULg-Bibliothèque alpha-ms1041

Le colloque intitulé “La médecine au pays de Liège. Acteurs, savoirs et pratiques d’hier et d’aujourd’hui” s’ouvrira avec une communication du Pr Vincent Geenen qui reviendra sur l’histoire de l’école de physiologie aux XIXe et XXe siècles. « La santé au travail a été une véritable voie de renouvellement pour l’histoire du travail, qui a longtemps été celle des organisations du mouvement ouvrier et des relations industrielles », explique l’historien Eric Geerkens qui consacrera un exposé à la silicose, plus précisément à la pneumoconiose des ouvriers mineurs, maladie pulmonaire provoquée par l’inhalation de poussières mixtes (charbon, silice, etc.). Cette pathologie s’efface progressivement de la mémoire collective or elle est pourtant, à ce jour, la maladie professionnelle ayant fait le plus de victimes, l’industrie charbonnière employant une main-d’oeuvre importante dans nombre de pays industrialisés. On considère qu’il reste aujourd’hui en Belgique un peu moins de 6000 victimes de cette maladie. « Ceux qui ont connu des personnes atteintes de silicose s’en souviennent, car elles sont souvent mortes dans d’atroces souffrances. Il faut imaginer ce que cela signifie d’embrasser une profession qui peut vous faire mourir d’étouffement », relève l’historien.
Emblématique par son ampleur, la silicose a également joué un rôle majeur dans la réflexion sur la notion même de maladie professionnelle, dont les troubles musculo-squelettiques (TMS) et les risques psycho-sociaux (stress, burn-out, etc.) sont aujourd’hui les plus insistants représentants. « On ne peut comprendre la silicose en s’en tenant à ses seules dimensions médicales. C’est à ce titre qu’intervient l’historien qui prend en compte les aspects économiques et politiques autant que scientifiques pour montrer comment une maladie qui naît dans un contexte professionnel devient une “maladie professionnelle” », poursuit Eric Geerkens. Après ce détour par les profondeurs, les orateurs offriront à leur auditoire un bain de fraîcheur en abordant différents aspects du thermalisme spadois. « Il existe beaucoup de travaux sur Spa au XVIIIe siècle mais on ignore souvent que le thermalisme spadois a commencé bien plus tôt, dès le milieu du XVIe siècle, sous l’impulsion des princes-évêques de Liège, explique Geneviève Xhayet, quiinterviendra sur ce sujet. Je parlerai d’un traité, la Spadacrênê, qui a été écrit en 1614 en latin par le médecin liégeois Henri de Heer et traduit deux ans plus tard en français par ce même auteur. Or, quand on compare ces deux versions, on s’aperçoit que certains passages ont été très fortement remaniés dans une optique de vulgarisation et d’adaptation au public des curistes et non plus seulement des médecins, ce qui fait de ce traité une source pour l’histoire de la communication autant que pour celle du thermalisme », annonce l’historienne. De la mine à la source et du médecin au patient, Liège apparaîtra donc à travers ces deux journées de mai comme matrice, tour à tour, du mal et du remède.
En toute érudition.


Voir le site www.culture.ulg.ac.be/medecineliege

Colloque “La médecine au pays de Liège. Acteurs, savoirs et pratiques d’hier et d’aujourd’hui”

Le vendredi 22 et le samedi 23 mai, à l’Institut Léon Fredericq, place Delcour 17, 4020 Liège.

Contacts : tél. 04.366.94.79, courriels chst@ulg.ac.be ou g.xhayet@ulg.ac.be, site http://web.philo.ulg.ac.be/chst/

 

Julie Luong
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