Mai 2015 /244
Champs de mémoireUn nouveau mémorial pour Waterloo
Le 18 juin prochain sera célébré le bicentenaire de la bataille de Waterloo qui se solda par la défaite historique de Napoléon Ier. Un événement qui devrait coïncider avec l’ouverture d’un nouveau mémorial construit sur les lieux mêmes de la bataille – ou plus exactement en-dessous. « La Région wallonne a initié il y a une dizaine d’années un vaste projet de rénovation de l’espace muséal du champ de bataille, sachant que celui-ci est protégé par une loi depuis 1914, ce qui est très rare », explique Philippe Raxhon, professeur d’histoire à l’ULg. Dans un souci de préservation du site, cet espace mémoriel a donc été construit entièrement en sous-sol : les visiteurs y accéderont par une rampe dont l’entrée est située à proximité du fameux Lion de la Butte. Discret en surface, il se révèle à l’approche exceptionnellement ambitieux. 30 millions d’euros ont ainsi été affectés au projet, ce qui représente le plus gros investissement en matière de tourisme culturel de toute l’histoire de la Wallonie. Quelque 500 000 visiteurs annuels venus des quatre coins du monde y sont attendus, contre 250 000 actuellement. Traduction scénographiquePour accompagner ce projet d’envergure, un comité scientifique international a été mis en place dès 2004. Expert choisi pour représenter la Belgique, le Pr Philippe Raxhon y côtoie des confrères venus de France, d’Allemagne, de Hollande et d’Angleterre – soit les pays impliqués dans la bataille historique de 1815. « Bien sûr, à partir du moment où il y a des interprétations du passé, certaines peuvent être divergentes. On aurait pu imaginer que les fibres nationales se trouver aient électrisées mais cela n’a pas été le cas. Nous avons fonctionné par consensus, d’autant plus aisément que la connaissance de cette bataille est aujourd’hui considérable ! Le faisceau d’accords entre nous était largement suffisant pour proposer une approche vulgarisée de l’histoire », explique-t-il. Alors que l’étape scénographique touche à sa fin, l’historien belge – déjà impliqué en son temps dans le projet des Territoires de la Mémoire à Liège – ne cache pas son enthousiasme : « Cette étape de la traduction d’un contenu historique est passionnante. Je trouve par ailleurs que, pour un historien qui a l’habitude de travailler “sur papier”, une traduction scénographique est un très bon exercice intellectuel et une manière de s’ancrer dans la cité quand il s’agit d’un espace qui recevra des visiteurs. » Visiteur acteurSupport auditif, identification à un acteur de la bataille, bornes interactives, cartes de géographie tactiles, objets virtuels à emporter : l’expérience s’annonce immersive et spectaculaire, comme le sont toujours davantage les expositions à caractère historique. « L’évolution est très nette, confirme l’expert belge. Elle est liée à l’individualisation du visiteur, dont on va toucher différentes fibres – de l’émotif à la raison – ainsi qu’aux avancées technologiques qui sont sans commune mesure avec ce qui existait il y a encore 20 ans. Le visiteur devient en quelque sorte acteur de sa propre visite. » À ceux qui s’inquiètent de ces infléchissements dans la transmission de l’histoire, Philippe Raxhon oppose une complicité active. « Je suis extrêmement sensible à cette thématique du croisement entre les hautes technologies, l’histoire et la mémoire. Mon regard d’historien sur ces évolutions est celui de quelqu’un qui cherche à voir quels peuvent en être les atouts dans la compréhension du passé et la connaissance de la mémoire de ce passé, ainsi que sa diffusion. »
Julie Luong
Photos : Administration communale de Waterloo
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