Mai 2015 /244
Gilles GuyotLe designer et l’ingénieur
S’il est né à Spa, Gilles Guyot considère aujourd’hui définitivement Liège comme le port d’attache de sa vie privée, malgré des occupations professionnelles qui l’ont conduit à devoir s’ancrer dans d’autres pays. Ingénieur civil-architecte diplômé en 2005, son principal lieu de travail se situe actuellement à Rotterdam dans l’un des plus prestigieux cabinets d’architecture et d’urbanisme internationaux positionné dans le top 5 mondial, OMA. Dirigé notamment par le grand architecte Rem Koolhaas, le cabinet possède en effet également des bureaux à New York, Pékin, Hong Kong, Doha et Dubaï. Parmi ses prestigieuses réalisations, citons par exemple le Kunsthal à Rotterdam, le nouveau quartier général de la télévision chinoise à Pékin, la bibliothèque centrale de Seattle ou l’ambassade des Pays-Bas en Allemagne.
Le 15e jour du mois : En est-on déjà à l’élaboration des plans ? Gilles Guyot : Pour l’instant, nous étudions la parcelle, qui est une porte d’entrée de la ville. Notre bureau travaille de manière particulièrement analytique en faisant le constat des besoins et des opportunités, ainsi qu’une analyse de l’existant dans divers périmètres. Ensuite seulement, nous commencerons le design en envisageant plusieurs scénarios pour notre client, le promoteur Thomas & Piron. Le 15e jour : Est-ce que ce projet liégeois vous implique plus que les autres ? G.G. : Oui, j’ai dû présenter et vendre ma ville ! Notre bureau ayant le luxe de pouvoir refuser des projets, j’ai mis en valeur les récentes réalisations architecturales de Ron Arad avec la Médiacité, de Santiago Calatrava avec la nouvelle gare des Guillemins et de Rudy Ricciotti pour le futur musée de la Boverie. La dynamique actuelle de Liège est très positive, elle place la ville sur la carte de l’architecture contemporaine. Le 15e jour : Quelles ont été les étapes de votre parcours avant de travailler sur des projets d’une telle envergure ? G.G. : J’ai beaucoup bougé et j’habite aujourd’hui la moitié du temps à Rotterdam et l’autre moitié à l’hôtel. En tant que chargé du marché francophone, je suis souvent en France et en Belgique. Il s’agit en réalité de mon troisième ou quatrième job. Au sortir de mes études, j’ai effectué mon stage obligatoire d’architecture pendant deux ans à Ans. Mais parallèlement à ce travail d’architecture générale pour de l’habitat familial ou de petits concours, je travaillais à mon compte pour des amis. Cela m’a permis de toucher à tout avant d’intégrer Eurogare, une filiale de la SNCB-Holding qui a d’abord construit la gare des Guillemins, puis s’est diversifiée dans la conception et la réalisation de projets ferroviaires et architecturaux et dans l’aménagement des quartiers de gare. C’est fin 2011 que j’ai intégré le cabinet OMA. Le 15e jour : Et quelle est votre fonction actuelle ? G.G. : En tant que chef de projet, je mène à bien… des projets du début à la fin. Le pont Jean-Jacques Bosc qui permettra de boucler les boulevards au sud de Bordeaux à la fin de l’année 2018 ou le nouveau parc des expositions de 100 000 m² dans l’agglomération de Toulouse sont ceux sur lesquels je travaille pour le moment. Mais nous venons également de remettre la compétition pour le projet de nouveau siège de la VRT à Bruxelles que nous défendrons là-bas, le 5 mai, avec Rem Koolhaas. L’ingénierie, couplée à l’architecture, m’ouvre de larges possibilités dans la mesure où le fait d’avoir de bonnes bases dans de nombreux domaines me permet d’aborder toutes les discussions. En étant un peu les deux, j’oeuvre à tisser des liens entre le designer et l’ingénieur. Le 15e jour : Le résultat d’une bonne formation à l’ULg ? G.G. : En 2004, j’ai effectué un séjour Erasmus à Rome qui m’a beaucoup enrichi grâce aux cours que j’avais choisis sur la conception architecturale et paysagère. Si l’université de Liège offre une formation solide en ce qui concerne la rigueur, la capacité d’adaptation et de bonnes bases théoriques, ce n’est pas un aboutissement. C’est au jeune professionnel de continuer sa formation, car un grand hiatus existe entre cette formation et le mode du travail. Il s’agit également de mieux la valoriser. Car même si elle ne peut pas rivaliser avec des mastodontes comme Harvard, l’Architectural Association School of Architecture ou le TU Delft dont je côtoie les anciens étudiants, l’ULg a la capacité d’armer les ambassadeurs qui vont la défendre à travers le monde.
Fabrice Terlonge
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