Juin 2015 /245

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La clinique vétérinaire sera équipée d’une IRM spécialement conçue pour le cheval

La clinique vétérinaire universitaire de Liège sera équipée dès le 17 juin d’une imagerie à résonance magnétique (IRM) spécialement conçue pour le cheval.

IRM-ChevalC’est un événement. Liège devient la première université en Belgique à disposer d’un tel équipement : une imagerie à résonance magnétique (IRM) qui ne nécessitera pas d’anesthésie générale de l’animal, procédé qui présente des risques et un coût élevé même si l’image est meilleure. Ici, le cheval pourra rester éveillé et debout mais sera tout de même placé sous sédatif. Une précaution nécessaire pour éviter tout stress, risque de blessure et dégradation de matériel, et qui sert aussi à obtenir la meilleure qualité d’image possible. Pour un examen de routine, il faudra compter au moins une heure. L’IRM viendra compléter le matériel déjà hautement performant de la clinique qui comporte notamment une unité d’imagerie médicale au sein de laquelle se pratiquent radiographies, échographies – sans ou avec Doppler, sans ou avec échoelastographie –, scanners et procédures interventionnelles guidées par imagerie. A noter qu’à l’inverse de l’IRM, le scanner des membres se pratique sous anesthésie générale*.
L’apport de cette technologie sur le plan diagnostique et thérapeutique est considérable, tout en ne remplaçant pas les techniques existantes comme la radiographie ou l’échographie. « Ce sont des outils complémentaires », insiste d’emblée le Pr Didier Serteyn, directeur du pôle équin des cliniques vétérinaires universitaires. L’IRM n’en demeure pas moins un équipement à haute valeur ajoutée puisqu’elle permettra « d’affiner le diagnostic, d’aller plus loin dans l’évaluation des tissus mous : tendons, cartilages, ligaments, synovie ». Cet aspect est fondamental car les investigations du système locomoteur et de ses troubles représentent une des activités les plus importantes en médecine du cheval. Affiner le diagnostic induit de gagner en précision, en temps, mais aussi en argent. En effet, avec l’IRM et grâce à un diagnostic précis, il sera possible « d’être plus précoce dans l’application de certains traitements et de juger à moyen terme de l’efficacité de la thérapie », explique Valeria Busoni, chef de travaux en imagerie médicale à la clinique vétérinaire universitaire de Liège.
IRM-Cheval2Certes, le procédé peut paraître coûteux au premier abord puisqu’il faudra compter entre 800 et 900 euros environ l’examen, mais cela doit être considéré comme un investissement et une économie sur le long terme. Ce raisonnement parlera à tous les propriétaires de chevaux qui savent bien qu’un cheval bloqué dans un box au manège coûte environ 300 euros par mois. « Avec l’IRM, on peut imaginer par exemple gagner la moitié d’une immobilisation de six mois, tout simplement en étant plus précis dans le diagnostic et dans l’attribution d’une thérapie », rappelle Didier Serteyn. Par ailleurs, les échecs thérapeutiques sont eux aussi une charge financière lourde. Pour autant, l’IRM en tant que technique complémentaire n’a de sens que si elle est préconisée à bon escient, selon la région affectée. Ainsi, elle permet effectivement d’en voir beaucoup plus qu’avec les techniques habituelles si l’on considère le pied. Dans le cas d’une suspicion de lésions tendineuses, en particulier, l’IRM est la méthode à privilégier.
Mais l’intérêt thérapeutique ne se limite pas aux tendons et ligaments. Valeria Busoni souligne que « l’IRM est un instrument de choix pour l’exploration osseuse. Or, les lésions osseuses précoces sont extrêmement difficiles à détecter avec les techniques traditionnelles, ce qui est un vrai handicap puisque, pour les chevaux sportifs en particulier, il est essentiel d’avoir un diagnostic précoce de ce genre de lésions ». Au total, Didier Serteyn et Valeria Busoni estiment que 10 à 20% des consultations habituelles pourraient passer désormais par une IRM. Il faut ajouter à cela un effet mécanique de bouche à oreille dû à cette acquisition et qui devrait aboutir, en théorie, à une augmentation de la clientèle de la clinique ainsi qu’au nombre d’imageries pratiquées. En termes de recherche, l’IRM servira à objectiver l’efficacité des traitements dédiés à la thérapie cellulaire, donc utilisant les cellules souches. « Chez le cheval, il y a un intérêt majeur à utiliser la thérapie cellulaire dans certaines pathologies du système locomoteur, souligne Didier Serteyn. Au travers de l’IRM, il sera plus aisé de déterminer le rôle joué par les cellules sur la cicatrisation. »
L’arrivée de l’IRM constitue enfin une nouvelle opportunité stratégique de faire la différence par rapport aux formations proposées dans d’autres universités. « Pouvoir compter sur les équipements les plus performants du moment nous permet d’accueillir des spécialisations reconnues au niveau européen puisque c’est l’Union européenne qui gère cela. Acquérir cet équipement, c’est essentiel pour suivre l’évolution de l’imagerie vétérinaire », conclut Valeria Busoni. À l’heure où justement l’IRM se démocratise de plus en plus et n’est plus seulement réservée aux chevaux de course ou de sport de haut niveau.

* La Faculté sera équipée d’un scanner pour des examens de la tête chez le cheval debout, lors de la construction de la nouvelle clinique.

Ariane Luppens
Photos : Hallmarq
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