Le Tout nouveau Testament

Un film de Jaco Van Dormael
Avec Benoit Poelvoorde, Catherine Deneuve, François Damiens, etc.
À voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

Dieu existe, et en plus Il habite à Bruxelles. Déçu, blasé par l’humanité qu’Il a lui-même créé, Il prend un malin plaisir à torturer tout et tout le monde, tandis que sa femme chérit leur fils disparu, Jésus-Christ. La soeur de ce dernier, las du comportement de son père et d’être restée tant de temps dans l’ombre, se venge en dévoilant au monde entier les dates de décès de chaque être humain par SMS…
Ce serait mentir de dire que, dans le paysage cinématographique belge, Jaco Van Dormael ne fait pas figure à la fois de maître et de visionnaire. Plasticien poétique, Van Dormael est le genre d’outsider que l’on aime, même si tout ne sonne pas toujours juste. C’est notamment le cas avec ce Tout nouveau Testament, qui reproduit les mêmes erreurs – en moins pire – que le précédent Mr Nobody : un film faussement intello (l’hommage un peu loupé à Max mon amour de Nagisa Oshima), surchargé d’effets spéciaux pas toujours réussis, accompagné d’un casting quatre étoiles dont l’alchimie prend difficilement.
Tout n’est pas noir pour autant : si la tendance philosophico-moralisatrice de Van Dormael peut agacer, la verve acide et parfois noire de Thomas Gunzig vient compenser un scénario pavé de bonnes intentions, comme les enfers. Il serait par ailleurs injuste de minimiser l’art du récit de Van Dormael, lequel a construit toute sa filmographie sur le thème de la poursuite, au propre (le parent cherchant son enfant) comme au figuré (la recherche du bonheur). Van Dormael irrite autant qu’il séduit car on le sait capable du meilleur derrière le pire, et parce que sous ses apparents défauts le film déborde d’énergie positive, de séduction via des moments de grâce que seul le cinéaste pouvait réussir.
En sortant de la salle, difficile de dire si on aime ou si on déteste ce film, gloubi-boulga de bonnes et de mauvaises manières avec un résultat final décevant et pourtant touchant. Un paradoxe qui a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent – ce qui, aujourd’hui, est une qualité rare au cinéma.

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 16 septembre entre 10 et 10h30, et de répondre à la question suivante : quel film de Jaco Van Dormael a reçu un double prix d’interprétation à Cannes ?