A votre avis ... Paul Gailly

Elle est notable. Des millions d’observations indiquent que des oiseaux méridionaux se déplacent vers le Nord. Chez les fauvettes, l’Hypolaïs polyglotte a franchi la Loire et remplace désormais son cousin plus boréal. La (relative) douceur hivernale favorise des hérons comme la Grande Aigrette qui passe désormais l’hiver chez nous. Le monde change, c’est certain. Est-ce favorable ? Du point de vue de la biodiversité, la Belgique connaît actuellement un mélange d’espèces venues du Sud avec “nos” espèces dont certaines sont condamnées. Ainsi, le Tétras lyre, emblème des Hautes Fagnes, y connaît probablement ses derniers beaux jours… À terme, le résultat sera une perte de biodiversité.
Les pays industrialisés feront-ils les gigantesques efforts nécessaires pour obtenir une diminution drastique des émissions de gaz à effet de serre ? On préférera, je pense, subir les conséquences du réchauffement climatique. Peut-être faudrat-il vivre – à terme – sans calotte glaciaire, mais cela s’est déjà produit dans l’histoire de la Terre. Aujourd’hui, je crains pour notre espèce et particulièrement pour les populations les plus fragiles…
Tout en continuant à nous battre contre ces changements, notre objectif essentiel est de nous y adapter de manière urgente, de prévenir leurs conséquences les plus néfastes. Certains oiseaux le font déjà : la Grue cendrée, qui survole nos régions au printemps, passe maintenant 15 jours plus tôt. Le changement climatique n’est pas la seule cause d’altération de notre biodiversité. L’activité humaine malmène particulièrement les terres agricoles et il y a urgence d’agir pour qu’une espèce pourtant méridionale, comme le Bruant proyer, puisse se maintenir dans nos campagnes.

Paul Gailly
licence en sciences zoologiques (1979),
directeur du service éducatif de Natagora