Octobre 2015 /247

Vitamine D

Avec ou sans supplément

Alors que près d’un Belge sur deux manque de vitamine D, des chercheurs de l’ULg démontrent que même les personnes qui prennent des suppléments restent en deçà des taux préconisés et que l’obésité joue un rôle encore insoupçonné… Notre corps est capable de synthétiser la vitamine D : ainsi, la vitamine D3 est soit puisée dans l’alimentation, soit synthétisée à partir du cholestérol. Des processus dans le foie, la peau et le rein vont mener à la production de vitamine D3 active. Lorsqu’ils se produisent au niveau de la peau, c’est là qu’interviennent les rayons ultraviolets (UV) de la lumière. « En hiver, avec un moindre apport d’UV, la synthèse de vitamine D est très limitée. Il faut au moins une exposition cutanée des membres entiers pendant 30 minutes par jour pour en produire suffisamment, en dehors des apports alimentaires », explique Philippe Kolh, chargé de cours en biochimie et physiologie humaines à la faculté de Médecine à ULg, co-auteur d’une récente étude. Par ailleurs, côté apports alimentaires, la Belgique n’est pas connue pour une grande consommation de produits de la mer, notamment de poissons gras, gros pourvoyeurs de vitamine D.

Indispensable ressource

VitamineDLa vitamine D manque cruellement. Or, elle sert à absorber le calcium au niveau de l’intestin. « En cas d’apports insuffisants, cela peut être problématique, surtout chez les personnes avec des besoins accrus : les femmes qui allaitent, les enfants ou les personnes souffrant d’une pathologie qui nécessite une régénérescence osseuse », poursuit Philippe Kolh. En effet, pour assurer un équilibre, le corps risque donc d’aller chercher ce calcium manquant dans les réserves de calcium et de phosphate de l’os.
Par ailleurs, une carence en vitamine D pourrait être impliquée dans différentes maladies, mais des études doivent encore confirmer son rôle. « Pour certaines pathologies, le lien de cause à effet est clairement démontré : c’est le cas du rachitisme chez l’enfant ou de l’ostéomalacie chez l’adulte », précise Philippe Kolh. De même, la carence en vitamine D est reconnue comme étant un facteur de risque d’apparition de la sclérose en plaques. Par contre, son rôle dans la prévention des cancers, des maladies cardiovasculaires, de la maladie de Parkinson ou encore du diabète doit être confirmé scientifiquement. Plus surprenant, au vu des recommandations classiques entendues : les suppléments de vitamine D avec calcium n’apportent pas de bénéfice notable en termes de prévention des fractures (de la hanche, tout particulièrement) ni de traitement de l’ostéoporose chez les personnes âgées, excepté chez celles qui vivent en maisons de retraite.
Néanmoins, ce besoin est réel. Et nous ne faisons pas ce qu’il faut ou ne vivons pas dans les conditionsoptimales pour atteindre les niveaux nécessaires. Or, l’étude de l’équipe de l’ULg montre que, même sous supplémentation en vitamine D, les déficits sont toujours présents : si 56% des hommes et 45% des femmes qui n’en prennent pas sont en déficit, ils sont toujours respectivement de 29% et 21,4% avec compléments. « Enfin, chose intéressante, on constate que plus l’indice de masse corporelle (BMI) des personnes étudiées est élevé, plus elles sont en déficit, et moins les compléments corrigent ce déficit.»                                                

Afiner l’ordonnance

Du coup, l’étude qui vient de paraître a cherché à comprendre ces constats paradoxaux : « Parmi les personnes étudiées, environ un quart d’entre elles affirmaient prendre des compléments vitaminés ; pourtant, elles restaient majoritairement en-dessous des valeurs recommandées. Cette étude semble dès lors démontrer que les compléments ne sont pas correctement dosés et que les taux recommandés devraient être affinés en fonction des profils », conclut le chercheur.

article sur le site www.reflexions.ulg.ac.be (rubrique Vivant/médecine)

Carine Maillard
Photo : Fotolia-Praisaeng
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