Quels emplois pour les personnes handicapées ?

Dans la sphère du travail, c’est le savoir-faire qui est privilégié, davantage peut-être que le savoir. Le chef d’entreprise ou le chef de bureau veut pouvoir compter sur des agents, des employés, des ouvriers efficients et autonomes. Les personnes handicapées ne sont pas à leurs yeux – ou pas tout à fait – autonomes. Pour susciter leur emploi, deux formes d’aide peuvent être accordées à l’employeur : une aide ponctuelle d’aménagement deposte et une compensation financière au manque derentabilité. Le travailleur handicapé – et je parle en général – passe en effet pour moins “rentable” aux yeux des employeurs.

Les entreprises du champ de l’économie sociale leur réservent un accueil plus généreux, parce qu’elles ne font pas du profit leur seul objectif. Elles entendent également, par le travail, intégrer socialement une série de personnes qui vivent à la marge de notre systèmeet oeuvrer pour le bien-être de la collectivité, de notre environnement, etc. Les services de proximité sont un bel exemple de l’adéquation entre des besoins sociaux et une réponse “non-marchande” qui permet aux uns de bénéficier d’une aide accessible financièrement et aux autres d’obtenir un emploi correct.

C’est dans ce secteur, subsidié – pour une partie du moins – par l’État, que l’effort doit porter afin d’intégrer des personnes handicapées mentales dans un contexte de travail approprié. Comme c’est le cas en Allemagne, en Angleterre et en Italie par exemple. Encore faudrait-il que s’opère un véritable tax shift…

Éric Grava (licence en psychologie, 1987)
directeur-général de l’ASBL Cité de l’espoir (hébergement pour personnes handicapées mentales sévères et profondes)