Janvier 2016 /250

L'opinion d'Emilie Lembrée

MicroStart aide ceux qui ont plus d’idées que d’argent

Lorsque l’on évoque le microcrédit, on pense à l’hémisphère sud de la planète, aux femmes africaines, à Mohamed Yunus – fondateur de la première institution de microcrédit, qui lui valut le prix Nobel de la paix en 2006. À juste titre, car c’est bien de ce côté-là que le microcrédit émergeait il y a plusieurs dizaines d’années, mais pas seulement…

En effet, aujourd’hui, les institutions de microfinance sont présentes aux quatre coins du monde, et notamment en Belgique et à Liège. Le principe : l’attribution de prêts de faible montant à des entrepreneurs qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques.

MicroStart est une société coopérative à finalité sociale installée en Belgique depuis 2011, et à Liège depuis 2013 : elle soutient ceux qui ont plus d’idées que d’argent. Sa mission est en effet de permettre aux personnes ayant peu de moyens de créer et/ou de développer leur propre activité professionnelle. Comment ? Par de l’accompagnement gratuit et l’octroi de microcrédits professionnels.

Les freins à l’entrepreneuriat sont nombreux en Belgique : ne pas disposer de diplôme de gestion, ne pas avoir de fonds propres, être allocataire du CPAS ou du chômage, etc. Pour les personnes dans ces situations, il paraît généralement presque impossible de créer son propre emploi, mais aussi d’avoir accès au crédit bancaire classique. La mission sociale de MicroStart est de leur permettre d’entreprendre, quelle que soit leur situation. Concrètement, cela signifie que MicroStart dispense des formations à la gestion gratuites, accompagne les personnes dans la préparation de leur projet d’indépendant, les coache une fois leur affaire lancée et leur prête de l’argent.

Les projets et ceux qui les portent sont divers. La moitié des bénéficiaires comporte des allocataires sociaux, alors que l’autre moitié regroupe des indépendants déjà installés ou des salariés. La majorité des porteurs de projet vivent sous le seuil de pauvreté, et beaucoup sont d’origine étrangère. Ils entreprennent dans nombre de secteurs : le bâtiment, le commerce, l’horeca, les services à la personne, le transport.

Si MicroStart parvient à accompagner ces personnes dans leur projet, c’est notamment grâce à ses nombreux bénévoles. De fait, l’agence de Liège compte cinq salariés, mais aussi une vingtaine de personnes qui donnent de leur temps gratuitement afin de soutenir les porteurs de projet dans le montage de leur entreprise, dans leur gestion administrative, dans le marketing de leur activité, etc.

LembreeEmilieL’expérience de MicroStart sur le sol liégeois démontre que, malgré la précarité de leur situation, les entrepreneurs financés remboursent leur crédit avec succès. Beaucoup créent et développent leur propre emploi de manière durable.

Qui a dit que seuls les riches pouvaient entreprendre ?

Émilie Lembrée
conseillère chez Microstart
master en anthropologie (2009)

Depuis son ouverture à Liège en 2013, MicroStart a :

  • rencontré plus de 1500 personnes ;

  • octroyé plus de 300 microcrédits à des personnes, dont 50 % sont allocataires sociaux (chômage ou CPAS).

 

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